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Quand le sucre devient un poison!

Le sucre, ce doux aliment par excellence, est un véritable plaisir du goût. Qui peut se vanter d’avoir le dégoût du sucré ? Mais sucré en excès, ce n’est point du goût de tous; car, pour certains, le plaisir du doux se savoure alors que pour d’autres, il en faut en sensation forte. Mélangé à d’autres saveurs, voici venir l’aigre-doux, la douce amertume et le fameux sucré-salé dont les savants dosages transforment nos desserts en des avant-goûts de l’Eden. Cependant, le sucre n’a pas seulement une utilité gastronomique. Le sucre pris dans le sens chimique du terme est aussi un merveilleux carburant de l’organisme. Ce n’est pas le condiment de table, mais plutôt un de ces composants connus sous le nom de glucose ; cette poudre blanche, dont le nom chimique est le saccharose, est en fait un composé de plusieurs sucres élémentaires ou osides : le glucose et le fructose. Et ces composés s’appellent les glucides. Comme je l’ai écrit plus haut, le glucose joue un rôle énergétique dans l’organisme : c’est un carburant, le comburant étant l’oxygène. Carburant nécessaire à la vie, il doit être constamment disponible.

Pour être à la disposition de chaque cellule de l’organisme, le glucose est donc présent dans le sang ; calculer sa concentration sanguine, c’est avoir une glycémie (glyc = glucose ; émie = sang). Si vous avez trop de glucose dans le sang, on parlera d’hyperglycémie, sinon ce sera une hypoglycémie. C’est essentiellement la nourriture qui fournit le glucose. La digestion va l’extirper de l’aliment et permettre son absorption. Le glucose est donc un nutriment. S’il se retrouve en trop grande quantité, le corps va en faire des réserves d’abord immédiatement disponibles sous forme de glycogène (de genesis : naissance, production): un stock d’urgence et une autre sous forme de graisse qui s’accumule de préférence dans le ventre pour les hommes et dans les hanches (la stéatochantrie qui donne la forme « coca cola »), aux fesses (la stéatopygie pour les derrières « pikèt ») pour nos belles. Si vous êtes gras, c’est que vous mangez trop !

Chaque fois que le besoin se fait sentir, les cellules vont donc se servir du glucose. Si lors d’un effort imprévu la consommation de glucose se fait trop rapidement, la personne tombe en hypoglycémie avec des évanouissements et transpire abondamment. Cela arrive aussi si la personne n’a pas mangé suffisamment. Si les besoins en sucre sont supérieurs à la quantité disponible dans le sang, l’organisme dégrade d’abord le glycogène puis la graisse; c’est pour cela que les sportifs ne peuvent pas être trop gras (mis à part les sumos !) et que l’on recommande de l’exercice pour combattre l’obésité ainsi que la diminution des aliments sucrés.

Mais les cellules ne peuvent absorber le glucose que si elles ont à leur disposition un facilitateur qui est l’insuline. Vous voyez donc où je veux en venir ! Si vous n’avez pas suffisamment  d’insuline ou si celle-ci devient inefficace, le glucose ne peut entrer dans les cellules et elles continueront à être affamées. L’organisme reçoit ces signaux de la faim et dégrade glycogène et graisse. Le glucose s’accumule dans le sang sans pour autant être absorbé: c’est l’hyperglycémie. Mais l’organisme est toujours en déficit énergétique et va donc déclencher le réflexe de la faim portant ainsi à manger plus et exagérant encore plus l’hyperglycémie. Trop de glucose dans le sang ! Le corps va essayer de le diluer en déclenchant le réflexe de la soif et en tentant de l’éliminer par les urines (dans ce cas, le pipi élégamment offert à la nature attire les fourmis). Voici donc les trois signes du diabète, cette maladie pour laquelle les cellules ne peuvent utiliser le glucose qui est à leur disposition : on a faim et on mange beaucoup (polyphagie). Mais paradoxalement on ne grossit pas, on boit beaucoup (polydipsie) et on urine beaucoup (polyurie).

L’excès de sucre dans le sang attire l’eau des cellules et les assèche littéralement; et quand cela arrive aux neurones, le cerveau en souffre et le coma s’installe avec une issue fatale si rien n’est fait. Mais les reins aussi en pâtissent, condamnant le diabétique aux séances de dialyse.

Le traitement de ce diabète dit sucré consistera donc, d’une part, à faire entrer le sucre dans les cellules en leur fournissant l’insuline manquante ou en les rendant plus sensibles à elle. Mais, d’autre part, il faut aussi contrôler l’alimentation pour qu’elle ne fournisse pas trop de sucre.

A la lecture de cet article, peut-être que vous aurez l’impression que le diabète est un drame que certains vivent difficilement. Pourtant, de récentes études ont démontré que traité à temps et correctement contrôlé, le diabète provoque chez le malade une meilleure hygiène de vie, ce qui augmente son espérance de vie.

Morale? Prenez dès maintenant votre diète alimentaire au sérieux, car ce n’est pas la peine d’attendre le diabète pour le faire. Les douceurs du palais s’ajouteront à toutes les autres que vous pouvez avoir, en particulier celles qui se déroulent dans l’intimité d’une alcôve.

Dr Philippe DESMANGLES
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