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Culture & Société

Les sauvages ! par Gary Victor

cortege haiti

Jeep Toyota ou Nissan Patrol... Pick-up... Vitres teintées... Plaques officielles ou service de l'État. Sur la voie publique aucun respect pour les citoyens, ni pour le code de la route. Les embouteillages ne sont pas pour eux. Ils passent leurs avertisseurs en coup de tonnerre, font une deuxième ligne, une troisième. Pire, ils sont tellement pressés qu'ils prennent en seigneur la voie de gauche sans souci pour les conducteurs qui, dans leur droit, arrivent en sens contraire.

De vrais sauvages. Une espèce d'humanité en voie de disparition sur notre planète devenue un village global. C'est le chef haïtien qui doit démontrer son pouvoir sur sa voiture chanpwèl. Mais l'ironie dans toutes ses histoires, premièrement, la plupart du temps,yo pa gen anyen yap regle ; deuxièmement ce qui est paradoxal, car ils sont toujours pressés sur les routes au risque de mettre la vie d'innocents citoyens en danger, ils ne sont jamais à l'heure. Je ne fais pas d'erreur si j'avance que 95 % des réunions, rencontres, réceptions et que sais-je encore qui concernent les gens au pouvoir en Haïti commencent dans le meilleur des cas avec une heure de retard si ce n'est plus. Le chef haïtien est, la plupart du temps, un malade mental qui devrait se retrouver dans une clinique spécialisée de psychiatrie. Encore qu'il faudrait comprendre comment tant de gens arrivent à reproduire ces comportements, ce que j'appelle le syndrome Epaminondas Labasterre.

Là encore, la société civile devrait se réveiller. Un de ces malades arrive dans sa voiture officielle ou service de l'État avec sa sirène illégale, sur une voie qu'il ne doit pas emprunter, car il se met à rouler à gauche, on devrait s'arrêter et forcer l'énergumène soit à monter sur le trottoir, soit à reprendre sa place dans la voie normale. On ne vote pas des députés et des sénateurs, à plus forte raison on ne désigne des ministres qui ne doivent faire qu'un job au bénéfice de la communauté pour qu'ils se prennent pour des privilégiés dans un pays aussi dévasté que le nôtre où les énergies devraient être utilisées pour sauver ce qui peut l'être encore.

Souvent, je sens de la frustration, de la perplexité, chez quelques jeunes agents de la police nationale devant le comportement de ces sauvages. Ces policiers ne peuvent agir, car ces politiciens peuvent les faire muter dans une contrée au fin fond d'Haïti.

Pourquoi ces vitres teintées dans un pays où la corruption est la norme et où il est de notoriété publique que des personnes aux plus hautes instances de l'État se livrent à toutes sortes de trafics illicites ?

Pendant que dans les rues, les sauvages continuent à s'exhiber, une liste de noms, de possibles futurs premiers ministres circule. On y trouve des noms de citoyens brillants, sérieux comme celui de Daniel Supplice. Mais on sait qu'aux élections en Haïti et dans les choix pour les postes les plus en vue de l'administration publique, avec l'influence maléfique de l'étranger conjuguée à nos propres tares, c'est toujours le plus médiocre qui sera choisi.

Certainement un filou... Un soulard. Quelqu'un disposé à tout donner à ses maîtres. J'aimerais tant, ici, avoir tort. Bref ! La lutte des Lamour Desrance, Petit-Noël Prieur, Moise, et de tous les autres chefs marrons assassinés avant l'Indépendance, ne fera que continuer. L'Histoire leur a donné raison.

Gary Victor
Source: Le Nouvelliste
Photo: belpoz