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Crise haitiano-Dominicaine : Une responsabilité partagée dans le crime (1 de 3)

juan-bosch-leonel-fernandes-balaguer500Juan Bosh - Leonel Fernandes - Joachim Balaguer

Par Leslie Péan, 11 octobre 2013 ---  Cet article comporte trois parties. Les deux premières traitent des responsabilités dominicaines dans la crise actuelle qui affecte théoriquement tous les Dominicains d’origine étrangère, mais en réalité seulement ceux d’origine haïtienne. La troisième met à nu les responsabilités haïtiennes dans la perpétuation des causes profondes de l’exode haïtien et de l’image peu reluisante que les étrangers se font en général du pays et de l’Haïtien.

La population dominicaine d’ascendance haïtienne fait une fois de plus les frais du racisme anti-noir et anti-haïtien. Plus de 300 000 personnes sont frappées par l’arrêt rendu par la Cour constitutionnelle dominicaine[i] le 23 septembre 2013. Le refus de donner des actes de naissance et des cartes d’identité et électorales à des personnes d’origine étrangère nées en République Dominicaine depuis 1929 est une flagrante violation des droits de la personne. Cette mesure affecte non seulement les Haïtiens mais aussi les cocolos et autres antillais et étrangers. Elle est assimilée à la nuit de cristal des nazis d’Hitler[ii] en Allemagne. Un gigantesque pas en arrière pour un État de droit qui se veut démocratique tout en tournant le dos à la justice, à la liberté et à l’égalité. Sans parler des conséquences tragiques que cette décision comporte pour les citoyens et les familles brusquement dépouillés de leur identité et du droit à la nationalité conféré par le jus soli. Des milliers de citoyens sont ainsi devenus du jour au lendemain des apatrides. Des jeunes surtout qui se demandent ce qu’ils vont devenir.

Rappelons les faits de la cause. Par la décision 473/2012 rendue le 10 juillet 2012, le Tribunal Civil de Première instance de Monte Plata prive la citoyenne dominicaine Juliana Deguis Pierre, 28 ans et mère de quatre enfants nés en République dominicaine, du droit d’obtenir la carte d’identité et électorale dominicaine. Cette dernière en appelle de cette décision devant la Cour Constitutionnelle qui confirme la décision. En effet, par son arrêt TC/0168/13 en date du 23 septembre 2013, la plus haute instance judiciaire tranche de manière radicale : Juliana Deguis Pierre née le 1er avril 1984, selon l’acte du bureau d’État civil de Yamasá, no 246, livre 496, Folio 208, ne peut pas avoir la citoyenneté dominicaine, en vertu de l’article 11.1 de la Constitution du 29 novembre 1966 qui était en vigueur à sa naissance et dont les mêmes dispositions ont été reprises dans les Constitutions dominicaines de 2002 et 2010. L’extrait de son acte de naissance va être analysé par la Cour constitutionnelle pour prononcer son annulation.

La décision de la Cour constitutionnelle dominicaine crée un malaise d’autant plus grand qu’elle remet rétroactivement en question la nationalité de nombreux Dominicains noirs sous le prétexte que ces gens sont des Haïtiens. Un argument raciste utilisé par la droite ultranationaliste contre le dirigeant dominicain noir José Francisco Peña Gómez. Né en République Dominicaine en 1937 de parents dominicains d’origine haïtienne[iii] qui durent fuir en Haïti pour échapper au massacre de 1937, l’ancien maire de Santo Domingo, président du Parti Révolutionnaire Dominicain (PRD), président de l’International Socialiste pour l’Amérique Latine, et trois fois candidat à la présidence de son pays, a été attaqué par les ultranationalistes sur cette question.

Dans la vision raciste des classes dominantes dominicaines, le Dr. José Francisco Peña Gómez, comme symbole social, représentait le danger « de la réincarnation de la volonté politique de son père de race Jean-Jacques Dessalines »[iv]. Ce danger dessalinien était encore plus grand que les antagonismes de politique économique existant entre la gauche du Parti de la Libération Dominicaine (PLD) de Juan Bosch et la droite du Parti Révolutionnaire Social Chrétien (PRSC) de Balaguer. Ces deux partis se liguèrent au second tour des élections de 1996 pour barrer la route au Dr. José Francisco Peña Gómez accusé d’être fils d’étranger noir alors que Bosch et Balaguer sont fils d’étrangers blancs[v]. C’est ce qui a séparé le « père » Juan Bosch de son « fils » José Francisco Peña Gómez qui a dirigé le PRD de 1966 à 1970, à un moment où Juan Bosch était absent de la République Dominicaine ? Pour Juan Bosch, il fallait créer du « neuf » pour opposer à « l’ancien » que symbolisait le PRD dirigé par José Francisco Peña Gómez[vi]. Pourtant, c’est bien l’alliance avec « l’ancien » représenté par Joaquim Balaguer qui a permis l’accession au pouvoir du PLD avec Leonel Fernandez.

 Les causes profondes de l’anti-haitianisme

Cet épisode récent de la vie politique dominicaine a porté plus d’un à questionner la force du racisme anti-noir et anti-haitien dans la mentalité des élites dominicaines. Les idées d’égalité raciale du Noir José Joaquim Puello[vii], un des pères fondateurs de la République dominicaine, fusillé en 1847 pour avoir demandé l’égalité entre les Noirs et les Mulâtres dans l’armée, et les idées progressistes d’un Pedro Francisco Bonó sur le caractère afro-américain des Dominicains ont encore de la peine à émerger. Elles sont combattues par les thèses racistes de l’Haïtien anthropophage véhiculées par Amerigo Lugo et Peña Batlle. Thèses répandant que l’Haïtien est un lougawou qui mange les enfants. Dans l’imaginaire de la sorcellerie, la stratégie de la diabolisation est essentielle et l’interrogation est continuelle sur les « chanpwèl » et autres « zombis », à défaut carrément de carnage.       

L’automatisme anti-haitien est né des invasions haïtiennes de Toussaint Louverture en 1801 et de Dessalines en 1805. Selon Frank Moya Pons[viii], cet anti-haitianisme historique s’est renforcé avec l’occupation de Boyer 1822-1844, la conquête de l’indépendance dominicaine en février 1844 et les invasions haïtiennes subséquentes. L’influence de cette idéologie politique aurait dû diminuer après l’appui donné par les gouvernements haïtiens de Fabre Geffrard et de Nisssage Saget à Gregorio Lupéron dans la lutte contre l’Espagne culminant dans la troisième indépendance dominicaine de 1865. Pourtant, elle ne reste pas dans l’ombre et continue ouvertement à façonner les mentalités.

La raison essentielle de cette continuité est l’existence d’un courant intellectuel raciste qui a systématiquement mis en œuvre la propagande anti-haïtienne. Ce courant relance et réinvente depuis 1890 le mythe que le vaudou haïtien constitue une menace à la modernisation de la République Dominicaine. Cette opinion contestable transpirant dans les œuvres de Rafael Abreu Licairac[ix] en 1892 et Americo Lugo[x] en 1901 va alimenter des haines farouches dans les élites dominicaines contre Haïti. Pour ces élites, l’opération anti-haïtienne se veut exemplaire et vise à les aider à sortir de leur situation de confusion et d’impréparation. Dans sa thèse de 1916, Americo Lugo écrit « Le peuple dominicain n'est pas une nation parce qu’il n’est pas conscient de la communauté qu’il représente, parce que son activité politique n'est pas assez répandue. N'étant pas une nation, l'Etat qui prétend le représenter n'est pas un véritable Etat[xi]. »

Cette impression d’à-peu-près de la nation dominicaine affirmée par Americo Lugo en 1916, par quelque bout qu’on la prenne, avalise le développement de l’anti-haïtianisme comme approche centralisée des élites, vision élaborée pour assurer leur domination ainsi que la cohésion nationale. Donc, le dossier haïtien ne baigne plus dans la sérénité. On tord le cou au bon sens et on raisonne dans les limites bien étroites de ce qu’en 1927 Joaquim Balaguer nommera « l’impérialisme haïtien »[xii]. La dynamique de crispation envers Haïti est suivie par d’autres intellectuels, dont Manuel Peña Batlle, Julio Ortega Frier, etc. qui s’allieront à Trujillo en 1930 pour alimenter la vision du danger haïtien dans la conscience dominicaine.   Les ouvrages de littérature et d’histoire de cette période affichent cet anti-haitianisme avec conviction. Des excès qui se prolongent dans la pensée anti-haïtienne actuelle du Noir Manuel Nunez[xiii].

Dans l’inventaire de l’anti-haïtianisme, il faut retenir le cheminement infini du racisme anti-noir, auquel sont ajoutées les différences religieuses et culturelles C’est de là que nait l’anti-haitianisme d’État, officialisé par le dictateur Trujillo, qui en accentue le versant raciste. Cette malveillance contre les Haïtiens est mise au profit des intérêts économiques des compagnies américaines qui s’en servent pour leur propre expansion. Dans leur volonté de se démarquer de l’Haïtien considéré comme inférieur à cause de la couleur noire de sa peau, les élites dominicaines créeront la « race sociale » dénommée « indien dominicain »[xiv] avec les catégories « blancs de la terre » pour désigner les mulâtres clairs, « indien » pour parler du mulâtre foncé et « indien foncé » pour référer au noir.

La couleur « indien » a été officiellement éliminée des cartes d’identité électorale en 2011 et désormais les couleurs officielles sont : blanc, mulâtre et noir[xv]. L’imaginaire collectif s’identifie à l’individu hispanique/européen/blanc avec toutes les anticipations positives qui y sont associées et en opposition à l’individu haïtien/nègre/africain. Laennec Hurbon a bien montré le processus de production du discours de la barbarie qui dit « Noir, despote et cannibale, autre nom de l’Haïtien »[xvi]. Le dominicain moyen se voit comme un Blanc, un mulâtre ou enfin un Indien par opposition à l’Haïtien qui est noir. Aux Etats-Unis, il ne se qualifie pas comme Noir mais plutôt comme Non-White (non-Blanc) jusqu’à ce qu’il prenne conscience.

L’anti-haitianisme a enfin, comme élément paradoxal, les travailleurs migrants haïtiens perçus comme des éléments qui tirent vers le bas les salaires dans des secteurs délaissés par les Dominicains. Pour augmenter leurs marges de profit, les compagnies américaines dominant l’industrie sucrière dominicaine ont adopté dans les années 1920 une politique consistant à faire venir de la main d’œuvre noire bon marché en provenance d’Haïti. Politique migratoire qui rentre en conflit avec l’idéologie raciste des élites dominicaines. Le mouvement de concentration dans l’industrie sucrière s’est accentué sous la houlette de la National City Bank de New York. Cette dernière a créé la Cuban Dominican Sugar Company qui, en 1925, possédait 7 centrales sucrières à Cuba et 5 en République Dominicaine. Alors, 12 des 22 centrales sucrières sont américaines et contrôlent 81% de la terre et 82% du capital déclaré. Deux autres sont la propriété de dominicano-américains. Trois des centrales sucrières américaines contrôlent près de la moitié du sucre produit (Central Romana 20%, Consuelo 19% et Barahona 10%)[xvii].

L’ordonnance 8509 du 26 décembre 1935 est explicite sur « l’importation de braceros étrangers qui ne soient pas de race caucasienne »[xviii]. Au plus fort du massacre des Haïtiens en septembre-novembre 1937, les investisseurs américains ont insisté pour que leur rythme de production continue. Ainsi, ils ont actionné les leviers d’approvisionnement en main d’œuvre haïtienne. C’est le cas avec les 425 braceros haïtiens qui sont introduits le 18 novembre 1937 par le poste frontière de Dajabón pour l’usine sucrière de Porvenir de San Pedro de Macoris[xix].

Cette mesure de la Cour constitutionnelle est l’aboutissement d’un processus qui a commencé depuis plusieurs décennies. Les élites dominicaines sont engagées dans une opération d’épuration ethnique à l’endroit des Dominicains d’origine haïtienne en les déclarant « personnes en transit ». Une mesure contraire à la loi de la migration 279 de 1939 fixait la période de transit à 10 jours. Ce que la Commission Inter Américaine des Droits de l’Homme (CIDH) en 1999 a également réfuté en disant : « […] environ 500 000 travailleurs haïtiens sans papiers vivent en République dominicaine. Nombre d’entre eux vivent dans le pays depuis 20 ou 40 ans, ou même y sont nés […]. Il n’est pas possible de considérer comme étant en transit des personnes ayant vécu depuis si longtemps dans le pays. […]. En conséquence de cet état de choses, les droits fondamentaux tels que la nationalité du pays où ils sont nés, l’accès à la santé et à l’éducation sont refusés à de nombreux enfants d’origine haïtienne »[xx].

Tous les Dominicains ne participent pas à cette forfaiture soutenue par l’extrême-droite de la Force Nationale Progressiste de Marino Vinicio Castillo (Vincho). En effet, dans la presse, les syndicats, l’appareil judiciaire, etc., de nombreuses personnalités contestent la discrimination dont sont victimes les Dominicains d’origine haïtienne. C’est le cas avec la décision d’un tribunal de première instance accordant le droit à l’inscription scolaire à deux enfants nés en République dominicaine de parents résidents illégaux. Cette décision du tribunal est rejetée par la JCE. Mais le 16 octobre 2003, une cour d’appel a répudié le recours de la JCE. De plus, la cour d’appel a octroyé dans son arrêt la citoyenneté aux enfants[xxi]. De toute façon, les victimes ne se sont pas résignées devant le racisme dominicain et ont manifesté leur prétention à trancher le nœud gordien.

Les autorités dominicaines n’ont pas tenu compte des recommandations de la CIDH et ont promulgué d’une part la fameuse loi migratoire de 2004 qui modifiait les critères d’obtention de la nationalité dominicaine; d’autre part, elles ont fait un autre pas dans la mauvaise direction avec la publication de la Résolution 012 de la JCE de 2007 et la Circulaire 17. La volonté de purifier causée par le traumatisme d’un José Francisco Peña Gómez président de la République serait telle qu’il faut tout envisager pour empêcher qu’un phénomène similaire ne puisse se reproduire.

La décision de la Junte électorale dominicaine 012-07 viole l’article 11.1 de la Constitution en considérant comme nuls les actes de naissance dûment délivrés par les bureaux d’état civil dominicains[xxii]. On se trouve parfois avec des situations contradictoires et absurdes. Cette décision est non seulement déclarée rétroactive, mais on lui donne plus de force qu’à la Constitution qui a préséance sur toutes les lois. Ainsi une personne ayant la cédula (carte d’identité) et qui détient depuis 25 ans son acte de naissance, se voit refuser sa demande d’une copie certifiée de ce document sans lequel elle ne peut obtenir un passeport. Un autre cas est celui d’un dominicain d’origine haïtienne qui avait obtenu tous ses papiers dominicains, qui avait voyagé en tant que dominicain au Brésil et en Haïti, et qui   se retrouve aujourd’hui sans nationalité.

Les citoyens de 19 à 35 ans sont les plus dûment frappés sur le plan de l’éducation, de la santé et de l’emploi par la résolution 012-07 de la Junte électorale. Outre les problèmes matériels que cette mesure cause, elle crée aussi de graves problèmes psychologiques, d’identité, d’appartenance et d’insécurité. Le gouvernement s’appuie sur l’article 18.3 de la Constitution dominicaine du 26 janvier 2010 qui refuse la nationalité dominicaine aux enfants nés de parents vivant illégalement en République Dominicaine. On se rappelle que, trois mois avant sa mort, la militante des droits de l’homme, Solange Pierre, appelée Sonia Pierre, directrice du Mouvement des Femmes Dominicano-Haitienne (MUDHA) avait protesté en présentant, à la CIDH de l’OEA, 417 cas de dénaturalisation d’enfants haïtiens par les autorités dominicaines en septembre 2011.

(A suivre)

 Leslie Péan
Economiste - Historien

Références

[i] Danica Coto et Trenton Daniel, «Experts fear crisis over ruling stripping citizenship from Haitian-Dominicans », Washington Post, September 27, 2013.

[ii] Haroldo Dilla Alfonso, « El TC y nuestra noche de los cristales rotos », 7dias.com.do, 29 de septiembre 2013.

[iii] Julio G. Campillo Pérez, Peña Gómez, Origin y nacimiento, Editora de Colores, Santo Domingo, R.D., 1996.

[iv] Ramón Darío Jiménez, La venganza de Peña Gómez- El regreso de Dessalines, Editora El Dominicano, 1993, p. 17,23 et 33.

[v] Franklin Franco Pichardo, Sobre racismo y antihaitianismo, Santo Domingo, R.D., 1997, p. 131.

[vi] Alberto Despradel Cabral, 18 cartas de Juan Bosch a José Francisco Peña Gómez 1970 -1972, Santo Domingo, Editora Manatí, 2009, p. 511.

[vii] Victor Garrido, Los Puello, Academia Dominicana de la Historia, Santo Domingo, R. D., 1959, p. 82.

[viii] Frank Moya Pons, « Antihaitianismo Histórico y Antihaitianismo de Estado”, Instituto de Estudios Dominicanos de la Universidad de la Ciudad de Nueva York (CUNY), City College of New York, December 8, 1995.

[ix] Rafael Abreu Licairac, « Dominicanos y Haitianos », El Eco de la Opinión, 12 noviembre 1892.

[x] Americo Lugo, A punto largo, Imprenta La Cuna de América, Santo Domingo, R. D., 1901.

[xi] « El pueblo dominicano no es una nación porque no tiene conciencia de la comunidad que constituye, porque su actividad política no se ha generalizado lo bastante. No siendo une nación, el Estado que pretende representarlo no es un verdadero Estado. », Americo Lugo, El Estado dominicano ante el derecho publico, Santo Domingo, R. D., 1916, p. 32.

[xii] Joaquín Balaguer, « El Imperialismo haitiano », El Imparcial, 13 de Diciembre de 1927.

[xiii] Manuel Núñez, El Ocaso de la Nación Dominicana, Santo Domingo, R.D., Alfa y Omega, 1990.

[xiv] Lil Despradel, « L’anti-haitianisme en République Dominicaine », Nouvelle Optique, no. 8, octobre-décembe 1972, p. 68.

[xv] « Reforma a ley electoral eliminaría el color indio, RD será de negros, blancos y mulatos », Listín Diario, R.D., 11 noviembre 2011.

[xvi] Hurbon Laennec, Le Barbare imaginaire, Les éditions du Cerf, Paris, 1988, p. 6.

[xvii] José del Castillo Pichardo, « La formación de la industria azucarera dominicana entre 1872 y 1930 », CLIO, Academia Dominicana de la Historia, no. 169, Santo Domingo, R. D., Enero-Junio de 2005, p. 69.

[xviii] Alberto E. Despradel Cabral, El Consulado de Belladère en la las relaciones dominicohaitianas 1931-1963, Editora Manatí, Santo Domingo, R. D., 2005, p. 78.

[xix] Ibid, p. 110.

[xx] OEA, Informe sobre la Situación de los Derechos Humanos en la República Dominicana, Ser.L/V/II.104, doc. 49 rev. 1, Washington, D.C., del 7 de octubre de 1999, p. 11.

[xxi] Amnesty International, Rapport Annuel, Londres, 26 mai 2004.

[xxii] Katerina Civolani Hischnjakow, Vidas suspendidas, Santo Domingo, R. D., 2011.

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