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L'aide à mort - Qui Mange L'aide ?

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Ce ne sont pas les torchons qui s'enflamment, mais les napkins qui brûlent déjà. L'huile, au lieu d'être mise dans les rouages, alimente le feu. Pas pour réchauffer les relations entre Haïti et le Canada, mais pour souligner les zones d'ombre d'un couple déséquilibré. Les petites phrases se suivent et se ressemblent. D'Haïti on ne comprend pas. Du Canada on accuse. Des deux côtés, il y a d'urgents réglages à faire.

Ce mardi, le ministre canadien de la Coopération, Julian Fantino, a encore enfoncé le couteau dans la plaie en réaffirmant que « le Canada revoit sa stratégie d'engagement à long terme en Haïti ».

«Nous restons toutefois préoccupés par la lenteur du développement en Haïti, principalement due aux institutions gouvernementales», a-t-il écrit au journal montréalais La Presse.

«L'aide du Canada ne sera pas un chèque en blanc», a dit le ministre en parlant de celle fournie à Haïti.

Magnanime, le ministre Fantino a cependant annoncé : « Nous sommes prêts à offrir notre soutien à la population haïtienne si une autre crise humanitaire frappait ».

La promesse du verre d'eau au noyé...

Dans une entrevue téléphonique accordée à l'agence La Presse Canadienne, le Premier ministre Laurent Lamothe lui dit souhaiter que le Canada cesse de passer constamment au-dessus du gouvernement haïtien, au profit d'organisations non gouvernementales, dans ses allocations d'argent.

Mais la spirale est lancée et l'efficacité de l'aide à Haïti est commentée de tous les côtés.

Le commentateur étoile de la populaire émission Hockey Night in Canada, à la télévision anglaise de Radio-Canada, a été particulièrement tranchant dans un tweet, se demandant si les Canadiens ne sont pas devenus fous, rapportent les médias canadiens.

M. Cherry a précisé qu'il n'avait rien contre l'aide humanitaire aux autres pays - mais il se demande quand même pourquoi le gouvernement canadien envoie autant d'argent à Haïti, alors que des Canadiens attendent jusqu'à 10 heures dans la salle d'attente d'un hôpital.

M. Cherry a écrit qu'il était heureux que les Canadiens puissent compter sur un «bon gars» doté du «gros bon sens» comme M. Fantino.

Dans « Les déchets des autres », un article publié dans Le Soleil, toujours au Canada, Pierre Asselin rappelle que :

« Haïti est un pays de 10 millions d'habitants qui doit se débrouiller avec l'équivalent du budget d'une ville québécoise à peine plus grosse que Québec. M. Fantino pourrait alimenter sa réflexion en lisant les nombreuses études qui ont été publiées sur l'aide humanitaire accordée depuis le séisme de 2010. Dans l'une d'elles, réalisée par un organisme américain, le Center for Global Development, on signale que sur près de 2,3 milliards de dollars versés en aide humanitaire en 2010 et 2011, moins de 1 % est allé au gouvernement haïtien. Les compagnies haïtiennes, tout comme les ONG du pays, ne se voient accorder que des miettes, alors que les ONG internationales et les compagnies provenant des pays donateurs se taillent la part du lion, formant un véritable État dans l'État. Une autre étude réalisée, par le Center for Economic and Policy Research aux États-Unis, révèle que 75 % des fonds versés par l'USAID, équivalent américain de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), sont allés à des entreprises des régions de Washington DC, du Maryland, ou de la Virginie. »

Dite d'un trait, cette tirade nous donne une autre perspective de nos problèmes avec le nouveau ministre, mais ancien chef de police, Julian Fantino. Il y a des motivations qui encouragent le ministre canadien à mettre tant de hargne dans cette révision de la position du Canada que nous ignorons.

Haïti est-elle la raison du courroux du ministre ou comme le croient des responsables haïtiens nous sommes pris au centre d'une affaire canado-canadienne ?

Haïti a-t-elle déplu au Canada pour mériter cette cinglante fessée après la signature du plus important contrat entre l'Etat Haïtien et une entreprise minière canadienne ? Le gouvernement Lamothe a-t-il refusé quelques avantages aux Canadiens pour se faire ainsi indexé ?

Cela dit, Haïti, plus encore que le Canada, doit revoir sa copie et renforcer sa machine de gestion de l'aide internationale.

Il y a urgence de nommer un vrai ministre de la Planification et de la Coopération externe. Cela libérerait le Premier ministre. On ne peut pas être dans la réflexion, l'action et la supervision.

Il faut aussi recruter la centaine de cadres pour en faire un vrai ministère et cesser de faire signer au ministre de la Planification et de la Coopération externe des centaines de contrats qu'il ne peut pas vraiment superviser.

D'ailleurs, à force de prendre la place des ministères sectoriels, le Plan ne fait plus son travail de coordination ni de chef de la coopération.

Personne ne nous aidera à vie; essayons de ne pas être les laids gestionnaires jusqu'à la mort dans cette affaire.

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste

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