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CORRUPTION EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE ET HAÏTI, Pot de vin versé à Michel Martelly : Senateur Bautista devant les tribunaux ce 1er Octobre

michel martelly  senateur bautista

CORRUPTION EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE ET HAÏTI la Cour suprême dominicaine entend le cas du sénateur Bautista le 1er octobre L'affaire de pot de vin versé à Michel Martelly sera à l'ordre du jour

Si le scandale né du versement de pot de vin au président haï- tien Michel Martelly par les compagnies de construction du sénateur dominicain Félix Bautista est considéré comme un événement banal en Haïti, où la corruption domine l’administration publique, en République dominicaine, la justice est saisie du dossier. Après deux verdicts prononcés antérieurement par deux tribunaux dominicains, la Cour suprême dominicaine a fixé au 1er octobre 2014 l’audience de l’espèce. Ce procès est suivi avec beaucoup d’attention à l’échelle internationale, notamment en Haïti, à Washington ainsi que dans d’autres pays ayant contribué des fonds pour la reconstruction d’Haïti, suite au tremblement dévastateur qui frappa ce pays, le 12 janvier 2010.

En effet, la date du 1er octobre est retenue par la plus haute instance judiciaire de la République dominicaine après avoir décidé d’entendre un nouveau recours en appel du sénateur Bautista contre le verdict no. 2070-2014 par laquelle il avait été déclaré coupable de corruption pour avoir versé des millions au président Martelly d’Haïti en guise de paiement pour des contrats de construction en Haïti estimés à quelque USD 800 millions $.

Au cours de l’audience à la Cour de cassation de la République dominicaine, le 1er octobre prochain, les avocats de M. Bautista entendent convaincre les magistrats de maintenir le verdict rendu le 5 juin   par la Deuxième Chambre de la Cour judiciaire ayant confirmée la décision précédemment rendue par le juge Esther Agelan Casanovas en accord avec les arguments énoncés par Me Hotoniel Bonilla, le 17 février de cette année.

Le procès contre le sénateur Félix Bautista est intenté par le syndicat C3 et porte sous l’accusation d’avoir versé de juteuses commissions au président Martelly afin de sécuriser des contrats de reconstruction d’Haïti.

Une stratégie pour sécuriser les millions de la reconstruction d’Haïti

La valse des millions, dont le sénateur multimillionnaire dominicain Félix Bautista est l’animateur, se donnait libre cours durant la période électorale, dès le début de l’année 2010. Les enquêtes menées sur les activités orchestrées dans le cadre des négociations en vue de la reconstruction d’Haïti avaient pour objectif de gagner le maximum de contrats pour ses compagnies de construction.

En effet, dans un premier temps, lorsque la candidature de l’homme lige de Préval, Jude Célestin, avait le vent en poupe et qu’il était perçu comme l’éventuel successeur de l’homme de Marmelade, Bautista et ses alliés haïtiens avaient décidé d’investir USD 2 millions $ dans sa campagne présidentielle. Mais le vent avait changé de direction à la faveur de la crise électorale née de la mise en ballotage des candidats.

En effet, le CEP de Gayot Dorsinvil avait décrété le candidat de son patron, Jude Célestin, comme étant celui qui avait gagné le plus fort pourcentage de votes. Mais l’intervention de la communauté internationale devait changer la donne. Aussi fut-il décidé d’écarter Célestin définitivement de la

course et de mettre en ballotage Mirlande Manigat, candidate du Rassemblement des démocrates

nationaux progressiste (RDNP) et Joseph Michel Martelly, le postulant de « Repons Peyizan », la formation politique sous la bannière de laquelle le candidat-musicien avait brigué la campagne pour la présidence.

Le temps de repenser la stratégie

Le renversement des rôles devait porter le sénateur dominicain à repenser sa stratégie pour les élections haïtiennes. Avec Martelly, désormais projeté comme le candidat favori, il fallait encore sécuriser les contrats signés de gré à gré avec l’administration du président sortant non réélu de René Préval, qui avait Max Bellerive comme Premier ministre. Aussi fut-il décidé d’investir USD 2,5 millions $ dans la campagne de Martelly. Même si la candidate du RDNP avait aussi bénéficié de la générosité des firmes de Bautista, c’était à Martelly qu’allait « la part du lion ». En clair le sénateur Bautista ainsi que ses collaborateurs et conseillers avaient suivi à la lettre le slogan de l’ex-sénateur Hector Anacacis : « Tout moun jwenn».

Si le prédécesseur de Martelly et ses hommes affichaient une totale discrétion dans leur manière de traiter avec l e sénateur dominicain, Sweet Mickey, arrivé « tout feu tout flamme » au Palais national, menait ses démarches avec les Dominicain avec ostentation. Car, même après les élections, il continuait à ramasser des fonds dispensés par les firmes de Bautista. Au fait il traversait souvent la frontière haïtiano- dominicaine pour se rendre à Santo Domingo où il allait encaisser personnellement les chèques émis en sa faveur par les compagnies de construction du sénateur. Selon des sources dominicaines proches des services de renseignement de la République dominicaine, les autorités de ce pays disposent de vidéos montrant Michel Martelly à la banque en train d’encaisser ses chèques.

Dans les milieux diplomatiques, tant en République dominicaine, qu’en Haïti et à Washington, l’évolution du procès contre le sénateur Bautista est suivie avec beaucoup d’intérêt. Car l’idée du retour en Haïti des fonds de reconstruction sous forme de ristournes ou de pot-de-vin est très mal accueillie. Dans ces milieux on pense qu’il faut entreprendre une action « tôt ou tard » pour demander des comptes à tout ceux, en Haïti comme en République dominicaine et ailleurs qui ont participé à cette conspiration contre les couches défavorisées d’Haïti qui n’ont pas bénéficié grand-chose des fonds mis à la disposition de leur pays, alors que les dirigeants s’enrichissent.

Source: Haiti-Observateur