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« La DGI jette le discrédit sur le secteur privé haïtien »

baptiste-clark-neptuneC’est dommage que le gouvernement ait pris sur lui de discréditer le secteur privé qui fait tant d’efforts pour essayer de faire démarrer l’économie nationale, a lâché sans complaisance Philippe Armand, propriétaire de Magic Island Tour. Son entreprise, qui avait des difficultés à fonctionner dans les périodes d’instabilité politique de  2006, figure sur la liste rendue publique par la DGI pour des amendes estimées à un million huit-cent-quatre-vingt-quatorze-mille gourdes. C’est étonnant, dit-il, mardi sur Magik 9, nous sommes en train de contester des amendes d’un million cinq-cent-quarante-six-mille gourdes au moment où est publiée cette liste.

Philippe Armand soutient qu’il s’est rendu une fois à la direction des grandes entreprises de la direction générale des impôts pour clarifier cette affaire, mais les agents n’étaient pas disponibles.  Son insistance d’appeler à la Direction générale de la DGI pour dépêcher les agents est restée vaine.

« Ce n’est pas possible qu’on fasse passer le secteur privé pour des personnes pas sérieuses, réfractaires et non productrives », se plaint M. Armand. Selon l’homme d’affaires, le taux de croissance de 9%  attendu pour cette année ne sera pas atteint. A l’heure actuelle, précise-t-il, nous avons des difficultés à réaliser même 3 à 4% de cette prévision. Il déplore le fait que ceux-là qui participent à cette réalisation soient si décriés. Selon le Premier ministre, a-t-il indiqué, environs 80% des activités de l’économie sont informels.

Il s’est par ailleurs dit choqué que la première sanction prise contre les hommes d’affaires qui ne seraient pas en règle avec le fisc est l’interdiction de départ.  André Apaid est le premier homme frappé par cette mesure lundi à l’aéroport Toussaint Louverture, où son passeport a été confisqué par un agent d’immigration. « Il emploie neuf mille personnes. Je vois très mal qu’il puisse quitter le pays définitivement pour quelques millions de gourdes », a jugé Philipe Armand.

« Il y a d’autres façons de dialoguer. La façon dont procèdent les autorités n’est pas une chose positive, et c’est même très regrettable », a déclaré M. Armand avant de faire remarquer que c’est l’économie nationale qui va en faire les frais. « Il faudrait être très hypocrite pour dire que nous sommes très contents de ce qui se passe et que le partenariat  public-privé va bien », a également soutenu le responsable du Dynamic Group, croyant dur comme fer que les agissements de la DGI débordent le champ de la fiscalité.

La compagnie Comptoir général de distribution, une filiale du Barbancourt, ne devrait pas se retrouver sur cette liste, a réagi pour sa part William Eliacin. L’homme d’affaires soutient avoir pris le soin d’acquitter l’intégralité de ses dettes, suite à la publication d’une première liste par la DGI en juillet dernier et sur laquelle était mentionné le nom de son entreprise. «  Nous avons  payé en intégralité la totalité des deux millions quatre-cent-cinquante-sept-mille gourdes de retard ainsi que d’autres amendes envers le fisc. Nous disposons de dix neuf récépissés attestant ces paiements », explique M. Eliacin, voyant très drôle que son nom ainsi que celui de son entreprise figurent sur la liste de ceux qui ont des obligations envers l’Etat haïtien.

Vendredi encore, confie-t-il, un employé de l’UGCM a appelé son comptable lui informant que le Comptoir n’a aucune dette envers le fisc. « Dans un pays qui se dit ouvert aux affaires, enchaîne William Eliacin, c’est  mauvais de porter le nom d’institutions qui ne doivent rien à la fiscalité sur une liste comme ça. »

Il y a des gens de bonne foi, déclare l’ancien président de l’ordre des comptables agréés d’Haïti (OCPAH). Je suis parmi ceux qui demandent toujours aux autres d’aller  payer leurs taxes, a-t-il martelé. Croyant en la bonne volonté des autorités de faire leur travail en toute honnêteté. William Eliacin exige sans aucune forme de procès que le nom son entreprise soit rayé de cette liste qui, dit-il, cause des préjudices aux personnes concernées.  Selon M. Eliacin, les responsables de la DGI auraient pu utiliser d’autres procédés en vue de forcer les retardataires ou réfractaires à se mettre en règle.

Pas de discrédit sur le secteur privé

L’administration fiscale n’a aucune raison de jeter le discrédit sur le secteur privé haïtien, déclare le secrétaire d’Etat à la Réforme fiscale. Ronald Décembre se dit conscient du poids des hommes d’affaires dans la création d’emplois dans le pays.

L’objectif, ce n’est pas de s’attaquer à eux.  Il s’agit plutôt de recouvrer les avoirs de l’Etat en vue de lui donner les moyens de faire face à ses responsabilités envers la population », explique le secrétaire d’Etat à la Réforme fiscale. Il invite ceux qui s’estiment léser à passer à la direction des grandes entreprises à la DGI munis de leur fiche de paiement en vue de clarifier leur situation.

M. Décembre rejette la thèse qu’il y aurait des instructions venant des plus hautes autorités de l’Etat en vue d’assouplir les dispositions de la DGI envers les plus gros payeurs.  Je ne suis pas au courant de ces instructions, répond-il sèchement, avant d’annoncer d’autres listes de réfractaires.

Danio Darius
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Source: Le Nouvelliste