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Une étude choc relance la controverse sur les OGM

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Dans le plus grand secret, des chercheurs de l'université de Caen ont suivi pendant deux ans un groupe de rats nourris avec un maïs OGM du géant américain Monsanto. D'énormes tumeurs sont apparues sur les cobayes.

«Pour la première fois au monde, un OGM et un pesticide ont été évalués pour leur impact sur la santé plus longuement et complètement que par les gouvernements et les industriels. Or les résultats sont alarmants», a dit Gilles-Eric Séralini, professeur à l'université de Caen, pilote de l'étude.

Son équipe a suivi pendant deux ans un groupe de rats témoins ainsi que 200 rats qu'ils ont répartis en trois grands groupes. Le premier a été nourri avec un maïs OGM NK603 seul, le second avec ce maïs OGM traité au Roundup, herbicide le plus utilisé au monde, et le troisième avec du maïs non OGM traité avec cet herbicide.

Le maïs était introduit au sein d'un régime équilibré dans des proportions représentatives du régime alimentaire américain.

Balles de ping-pong

«Les résultats révèlent des mortalités bien plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits», résume le chercheur, qui fait ou a fait partie de commissions officielles sur les OGM dans 30 pays.

L'étude est publiée par la revue «Food and Chemical Toxicology» qui a déjà publié des études de Monsanto ( 91.45 2.68%) sur la non toxicité des OGM. Elle inclut des images de rats nourri avec OGM avec des tumeurs plus grosses que des balles de ping-pong.

Si les chercheurs ont travaillé en même temps sur le maïs OGM NK603 et le Roundup, deux produits commercialisés par Monsanto, c'est que les OGM agricoles sont modifiés pour tolérer ou produire des pesticides: 100% des OGM cultivés à grande échelle en 2011 sont des plantes à pesticides, dit Gilles-Eric Séralini.

Quinze ans de commercialisation

Dans les trois groupes de l'échantillon, les scientifiques ont observé par exemple une mortalité deux à trois fois plus élevée chez les femelles et deux à trois fois plus de tumeurs chez les rats des deux sexes. «A la dose la plus faible de Roundup (...) on observe 2,5 fois plus de tumeurs mammaires», souligne le professeur.

«Le crime, c'est que ça n'ait pas été testé avant, que les autorités sanitaires n'aient pas exigé des tests plus longs alors qu'on est à 15 ans de commercialisation des OGM dans le monde», a commenté Gilles-Eric Séralini. Selon lui, le NK603 n'avait jusqu'alors été testé que sur une période de trois mois et les tests pour autorisation sont fournis par les industriels.

Position de précaution

Quelques heures après l'annonce de ces résultats, la Commission européenne a annoncé le gel de l'examen de la demande de renouvellement de l'autorisation de culture accordée à Monsanto pour l'OGM MON 810, en attendant l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur l'étude.

Paris a estimé que cette recherche «valid(ait) sa position de précaution», contre la culture des OGM en Europe, selon un communiqué des ministres de la Santé de l'Agriculture et de l'Ecologie. Le gouvernement a saisi l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire.

Pour l'Association française des biotechnologies végétales, en revanche de «nombreuses études à long terme des OGM (...) n'ont jamais révélé d'effets toxiques». Monsanto de son côté relève qu'»il est trop tôt pour faire un commentaire sérieux, car il faut évaluer la publication».

Voix critique

Tom Sanders, directeur du département des sciences nutritionnelles au King's College de Londres, note que les chercheurs n'ont pas fourni de données chiffrées sur la quantité de nourriture donnée aux rats, ni sur leur taux de croissance. «Cette race de rat est particulièrement sujette aux tumeurs mammaires lorsque les ingestions de nourriture ne sont pas contrôlées», a-t-il dit.

«Les méthodes statistiques sont inhabituelles et les probabilités ne permettent pas de comparaisons multiples. Il n'existe pas de projet d'analyse de données et il semble que les auteurs n'ont retenu que les chiffres les intéressant», a-t-il ajouté.

L'étude doit s'accompagner le 26 septembre d'un film, «Tous cobayes», qui rend compte de cette expérience, ainsi que d'un livre chez Flammarion.

Connaissant un moratoire sur les OGM jusqu'en 2013, la Suisse n'est pas directement concernée. L'Office fédéral de la santé publique a néanmoins pris connaissance de cette publication et va l'évaluer, a indiqué un porte-parole.
(ats/Newsnet)

 Source: 24 heures

http://www.24heures.ch/savoirs/sciences/etude-choc-relance-controverse-ogm/story/24423274