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Burundi – Un premier journaliste emprisonné à vie

Hassan Ruvakuki journaliste-BurundiLéonce Bitariho, correspondant en Afrique - Une peine à perpétuité a été prononcée mercredi contre un journaliste burundais d’une radio locale et correspondant de RFI (Radio France Internationale). Hassan Ruvakuki est accusé de collaborer avec des groupes terroristes. Un procès mal accueilli par les milieux médiatiques burundais et la société civile, qui parlent de la dépendance de l’appareil judiciaire par l’exécutif. Les organisations des journalistes nationales et internationales déplorent que leur confrère n’ait pas eu droit à un procès juste et équitable.

Un procès de la honte, c’est l’expression qui ressort de différents milieux au Burundi, qui s’insurgent contre le verdict prononcé mercredi par le tribunal contre un journaliste d’une radio locale, Bonesha FM, et correspondant de RFI, section swahili. Il a été jugé pour acte de terrorisme aux côtés de 22 codétenus, dont 12 ont écopé d’une même peine d’emprisonnement à vie. Le président de l’Union Burundaise des Journalistes, Alexandre Niyungeko estime que « la condamnation à perpétuité de ce journaliste était préparée à l’avance. C’est l’aboutissement d’un plan qui avait été concocté dès le départ et qui vient ainsi d’aboutir ».

La défense compte interjeter appel dans l’urgence, sans toutefois avoir confiance dans la justice burundaise qu’elle accuse de partialité et de dépendance. Un des avocats indique que l’affaire pourra être portée au niveau de la justice internationale, « où la loi sera mieux dite. Nous sommes désolé, précise Maître Onésime Kabayabaya, qu’un homme soit condamné à la peine la plus lourde de la classification des peines au Burundi pour l’infraction la plus impossible.» L’avocat assure que son client est innocent, même s’il dit ne pas avoir eu la chance de le déclarer devant le tribunal qui selon lui a travaillé en sens unique : «  Nous savons qu’il n’a commis aucun acte répréhensible. Il faisait son travail d’investigation pour informer le public. C’est par ailleurs sa mission officielle et professionnelle. Et la loi sur la presse le protège.» La direction de RFI et celle de France 24 promettent elles aussi de s’impliquer quand le procès sera en appel.

En attendant, les relations entre les médias burundais – privés en l’occurrence – et le pouvoir de Bujumbura vont decrescendo. Une réunion qui était organisée jeudi 21 juin 2012 par le ministère responsable de la communication à l’intention des responsables des médias n’a vu que la participation de la Radio télévision nationale (publique), une radio privée ainsi que le Conseil National de la Communication (CNC), organe de régulation des médias au Burundi. La quasi-totalité des responsables des médias privés se sont retirés. La réunion avait pour but de préparer la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale prévue le 1er juillet 2012. Le délégué général du Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC) se demande « l’opportunité d’un tel jugement à la veille de la célébration de cette journée. Ce n’est que se faire mauvaise presse dans le monde entier. Le Burundi va se faire un bond dans le nombre de pays qui sont considérés comme prédateurs dans la liberté de la presse. »

De son côté, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) place déjà le Burundi parmi les pays où la liberté de la presse est menacée. Selon RSF, ce pays de la région des Grands Lacs rejoint notamment sur cette liste l’Iran, le Soudan, la Somalie, l’Arabie Saoudite, l’Érythrée, le Yémen, pour ne nommer que ceux-là. RSF juge ces pays comme étant peu respectueux de la liberté de la presse.

Hassan Ruvakuki avait été arrêté le 28 novembre 2011 par les agents du service national des renseignements. La première accusation, celle d’avoir parlé aux rebelles, s’est par après transformée en une collaboration avec les groupes terroristes, ce qui lui coûte aujourd’hui une peine d’emprisonnement à perpétuité.

Source: Journaliste Burundais
22 Juin 2012