Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Actualités

Pour le pays et pour demain

le-negre-marronLe Marron inconnu s'interroge. Doit-il regagner le maquis ? Nous laisser notre capitale où l'on ne respecte plus rien ? Même pas lui le géant d'airain. La peinture des travaux d'embellissement n'avaient pas encore séché que nous nous en sommes pris à lui; à sa machette, à sa chaîne; à sa flamme. Sa superbe nous rabaisse. Nous l'avons cassée. Pour un peu, nous aurions enlevé de sa bouche ce lambi qui sonne le ralliement de tous les fils de la nation. Ce n'est pas un geste politique, cela se comprendrait. Ni un geste de déraison, cela serait pardonnable. Non. C'est carrément un acte de vandalisme. Une incivilité gratuite comme il en fleurit, pour un oui ou pour un non, ici et ailleurs. Le Champ de Mars se vide, reprend forme, retrouve sa vie insouciante après les mois tragiques qui l'avaient défiguré, le temps de donner abri aux fils de Port-au-Prince dans le besoin. Cela devrait nous réjouir.

Le Nègre marron est restauré. La Tour 2004 sera achevée ou démantelée. Les héros de l'Indépendance vont retrouver leur lustre. Le gazon va reverdir. La musique remplir le kiosque. Les pigeons virevolter dans le ciel. Les discussions reprendre à l'ombre des grands arbres. Le Champ de Mars va renaître entre chuchotements d'amoureux et cris d'enfants heureux. Tout cela devrait nous réjouir. Et pourtant... La Place, cette place, qui nous sert à tout - pour la fête, pour le deuil, pour prier ou pour manifester, nous ne la respectons pas. Le Nègre marron s'interroge. Il est un inconnu dans cette ville. Cette ville lui tourne le dos. Même le plus petit dénominateur commun n'arrive pas à nous définir.

Nous ne sommes d'accord sur rien. Rien ne ravit tout le monde. Nous sommes sans ancre, sans boussole. Nous ne respectons rien. Personne ici ne rêve de chanter : Pour le drapeau Pour la patrie, Vivre est si beau ! Pour le pays, Et pour demain Marchons unis Le Marron inconnu s'interroge. Doit-il regagner le maquis ? Foutre le camp avant que nous ne le forcions à reprendre la mer ?

Frantz Duval Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.