Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Actualités

La terreur des Duvalier racontée pour la première fois devant un Tribunal (Cour d'appel)

alix-fils-aime-victime-duvalier

La terreur racontée

Alix Fils-Aimé a campé le régime des Duvalier. Ses mots sont forts, ses images celles d'un miraculé ayant arpenté le couloir de la mort. Sa vie, a-t-il raconté, a basculé le 26 avril 1976. A Carice, dans le Nord-Est, il est tombé dans les mailles du filet de la police politique du régime. Le jeune homme, comme tant d'autres, est de la chair fraîche pour Albert Pierrem dit Ti Boule. « Je tentais de saper l'attachement de la paysannerie à la révolution duvaliériste, m'a dit ce tortionnaire alors que j'aidais les paysans à planter, à améliorer leur système d'adduction d'eau pour irriguer leurs champs. » 16 mois durant, aux casernes Dessalines, Alix Fils-Aimé a raconté son calvaire entre sa cellule solitaire et la salle de torture.

Du Fort-Dimanche, il a gardé des images toutes aussi sordides. Celles des journées qui commencaient à 2 heures du matin, celle de ceux qui mouraient. Flash-back. Dans ses mots, on traverse ce couloir miteux infesté de punaises, de moustiques.... où, a-t-il expliqué, des soldats conduisaient des prisonniers prendre de rares douches. Sorti vivant, Alix Fils-Aimé dit chercher encore aujourd'hui douze de ses compagnons de cellule. Ils manquent encore à l'appel. Lucien, Anous...Alix Fils-Aimé a retenu ces prénoms, ces amis laissés derrière, comme des camarades laissés sur le front.

Le régime des Duvalier, pour avoir institué des actes de terreur, de violation des droits humains, le pillage de l'économie, de dénaturation du tissu social, le vol des deniers publics pendant des décennies..., est effectivement coupable de crimes contre l'humanité, a jeté Alix Fils-Aimé dont les mots n'ont pas la chance de résonner dans la tête de Jean-Claude Duvalier, absent de la séance de ce jeudi 7 mars pour cause de maladie. C'étaient des vulgaires voleurs et des criminels qui faisaient régner la terreur pour pouvoir mieux piller le pays, a renchéri Alix Fils-Aimé, qui a taclé Baby Doc d'avoir traité de « délinquants » les prisonniers incarcérés à Fort-Dimanche.

Dans le même registre, Robert Duval a raconté la vie dans sa cellule mesurant 3 m2x 4 m2 dans laquelle on entassait quarante personnes. La nourriture qu'on leur jetait par terre comme de vulgaires animaux et la mort qui frappait. Fort-Dimanche, c'était l'enfer des hommes, un camp de concentration, a illustré Robert Duval. Il y a eu la mission de Andrew Young pendant la présidence de Jimmy Carter. Sans cette mission et les exigences en faveur du respect des droits humains, « je serais mort », a expliqué Duval.

En huit mois de détention à Fort-Dimanche, 180 détenus sont morts, a-t-il confié. Ulrick Paul Blanc, Fred et Renel Baptiste, Rameau Estimé... sont du nombre. La salle, moins bondée qu'autrefois, a remonté le temps à travers ces témoignages, ces récits de la terreur d'un régime honni et chassé le 7 février 1986...

Roberson Alphonse
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Source: Le Nouvelliste

A Lire Aussi: