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L'objectif de l'équipe Tèt Kale, est de gaspiller plus 430 millions de dollars dixit Steven Benoit

stevenbenoitUrgences juteuses sans contrôle parlementaire

Ici, les catastrophes sont juteuses. Des kits à distribuer, des projets bidon à déterrer, des contrats de gré à gré pour les affidés. Mais, certains, en plus de crier haro sur le baudet, veulent en découdre, renvoyer le gouvernement Lamothe.

S'il n'en tenait qu'au sénateur Steven Y. Benoit, le Premier ministre Laurent S. Lamothe et presque tous ses ministres en poste au 21 décembre 2012 seraient destitués et emprisonnés pour violation flagrante de l'article 98-3 de la Constitution amendée stipulant qu'il revient à « l'Assemblée nationale de statuer sur l'opportunité de l'état d'urgence ». Là n'est pas l'unique méfait de l'administration Martelly/Lamothe qui a contourné le Parlement et jeté un voile épais sur ses actions après le passage des cyclones dévastateurs Isaac et Sandy, a-t-il expliqué ce lundi sur Magik 9.

L'objectif de l'équipe Tèt Kale, selon Steven Y. Benoit, est de gaspiller plus 430 millions de dollars prélevés des fonds de PetroCaribe pour octroyer des contrats de gré à gré. Dans beaucoup de cas, des montants importants sont alloués à des projets qui n'ont aucun rapport avec l'état d'urgence comme les 5 millions de dollars pour la rénovation urbaine de Hinche ou les 12 millions pour le dragage des exutoires de la baie de Port-au-Prince.

Le sénateur Steven Y. Benoit, pugnace comme un pitbull, a souligné que le Premier ministre Laurent Lamothe a fait du « marronnage » pour ne pas fournir d'explications au sénat où trois séances d'audition n'ont pu se tenir depuis décembre 2012. « Le gouvernement voulait gagner du temps pour gaspiller l'argent », a accusé Benoit, loin d'être tendre avec le journal officiel Le Moniteur. Le Moniteur numéro 3 daté du mercredi 9 janvier 2013 n'a été disponible que le 19 avril, après trois mois, a indiqué le sénateur qui crie au scandale, à l'opacité dans l'action gouvernementale.

Le gouvernement, dans ces résolutions, a appelé à l'intégration post-dépense de ces programmes dans un budget rectificatif, a expliqué le sénateur Benoit, outré, mais incapable,-a-t-il dit, de renvoyer ce gouvernement. L'action de ce gouvernement est identique à celle de René Préval qui avait claqué beaucoup d'argent dans le cadre de la loi d'urgence. Cette fois, on n'acceptera pas d'album photo, a prévenu Steven Y. Benoit qui avait dénoncé, en 2008, le gaspillage de centaines de millions de dollars prélevés du fonds PetroCaribe.

Le Premier ministre Lamothe, le nouveau ministre de l'Economie et des finances Wilson Laleau et les autres ministres doivent des explications au Parlement, a indiqué Benoit qui annonce une convocation susceptible de se transformer en interpellation du gouvernement, a menacé Benoit, un général bruyant et sans troupes.

Comme Steven Benoit, le sénateur Jocelerme Privert croit que l'action de l'actuel gouvernement justifie largement un vote de censure. Mais, a reconnu Privert, il est difficile d'obtenir le vote de 16 sénateurs sur 20. « Il y a des sénateurs qui monnaient leur vote », a-t-il déploré.

Privert, président de la commission Economie et Finances du Grand corps, a lui aussi confirmé que le gouvernement Lamothe se dérobe au contrôle du Parlement en utilisant tous les subterfuges. « Depuis le mois d'octobre, j'ai demandé des informations au MEF sur les actions du gouvernement. Ces informations ne me sont jamais communiquées », a indiqué Jocelerme Privert, scandalisé par le dernier paragraphe des deux résolutions prises en conseil des ministres le 21 décembre 2012 demandant au ministère de l'Economie et des finances d'insérer dans la loi de finances des projets pour des fonds déjà décaissés.

Cette gestion de l'équipe au pouvoir rend sceptiques d'autres bailleurs de fonds, a souligné le sénateur Jocelerme Privert qui avait, au début du mois de mars 2013, dénoncé une gestion opaque du programme PetroCaribe. « Il y a une certaine opacité quant à la gestion de PetroCaribe », avait assené sans détour le très influent sénateur Jocelerme Privert, président de la commission Économie et Finance du Grand corps. Les résolutions prises en conseil des ministres les 28 février 2012 et 28 juillet 2012 autorisant respectivement le décaissement de 234 millions de dollars et de 130 millions de dollars pour exécuter des projets ne sont toujours pas publiées dans le journal officiel Le Moniteur, avait indiqué Jocelerme Privert.

Ceci n'est pas conforme à la loi créant le Bureau de monétisation des Programmes d'aide au développement (BMPAD), avait insisté le sénateur, révélant au passage que des projets financés par PetroCaribe ne sont même pas passés devant le Parlement. « Là, je dis que c'est un problème sérieux qu'il faut résoudre », avait fulminé le sénateur Privert. L'élu des Nippes avait révélé que des fonds du programme PetroCaribe ont été utilisés par le gouvernement pour effectuer des « dépenses de consommation », quand ils ne sont pas investis dans des projets dont la rentabilité n'est pas perceptible comme celui de la construction de deux aéroports aux Cayes et à Ile-à-Vache à quelques kilomètres l'un de l'autre, avait soutenu Privert.

Le BMPAD, gestionnaire des fonds de PetroCaribe, et le FAES en prennent pour leur grade. La gestion de ces deux organismes est hors norme. « Il y a une gestion hors norme des organismes sous la tutelle du MEF », avait souligné Privert. « Il y a une nécessité de revenir sur la voie de la légalité. Le gouvernement devra se conformer aux exigences de l'article 141 de la Constitution et nommer des conseils d'administration qui seront ratifiés par le Parlement à la tête de ces institutions », avait exigé Jocelerme Privert, président de la commission Économie et Finance du Sénat de la République.

« Faux, la gestion de PetroCaribe n'est pas opaque et il n'y a pas de gaspillage comme le prétend le sénateur », avait confié au journal la ministre de l'Economie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie. « Les fonds de PetroCaribe sont budgétisés et leurs décaissements suivent une procédure très compliquée », avait-t-elle assuré. « Les sénateurs votent les programmes. Mais ils n'ont pas à voter les projets », avait-t-elle insisté, soulignant que la communication du tome 2 du budget avec les projets financés aux sénateurs vise à leur fournir des informations. « C'est pour qu'ils puissent apprécier l'action gouvernementale, voir si les projets sont en cohésion avec les programmes », avait dit Marie Carmelle Jean-Marie. Des fonds provenant de PetroCaribe financent aussi des projets dans le cadre du programme de développement territorial. Dans le budget, les projets ne sont pas étalés parce qu'on accorde la priorité aux projets bons à financer qui sont exécutés à travers tout le pays, avait-t-elle indiqué. « On ne fait pas de dépenses hors ligne. Sinon, la Cour Supérieure des comptes et du contentieux administratif CSC/CA ne va pas approuver les comptes généraux », avait garanti Marie Carmelle Jean-Marie, « étonnée des propos du sénateur Jocelerme Privert qui a toujours obtenu toutes les informations qu'il lui faut et qui sait où les trouver ».

Le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe, accusé de marronnage pour éviter le contrôle du Sénat, a pourtant fait de la lutte contre la corruption l'un de ses thèmes favoris. Il a souligné avoir renforcé les capacités de l'ULCC. Cette croisade contre la corruption vise à améliorer le score d'Haïti dans le classement de Transparency International sur l'indice de la corruption. Haïti est parmi les pays où la perception de la corruption est la plus forte. Ce n'est pas ce petit jeu au chat et à la souris entre le Parlement et le gouvernement qui rassurera les sceptiques, ceux qui croient qu'ici, « les urgences sont toujours juteuses ».

Roberson Alphonse -
Le Nouvelliste

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