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De gré ou de force

frantz-duvalIl a plu sur Port-au-Prince et sa région jeudi soir. Les dégâts des eaux de ruissellement ont ralenti la circulation des piétons et celle des automobiles. L'impuissance devant les éléments et la sécheresse des espérances alimenteront les conversations jusqu'à tard ce vendredi.
Cela tient-il chaud de n'être pas le seul à se sentir inconfortable ?

Sur Facebook, une citoyenne a laissé ce texte qui dit tout du mal-être de ceux qui désespèrent de vivre ici dans un pays normal.

« L'église est bondée de gens... Il avait 36 ans, lâchement abattu en pleine rue, un matin. A côté, dans la petite salle, son cercueil est entouré de fleurs. Des enfants pleurent en silence.

Le père de famille est défiguré. Lui aussi victime de balles assassines, même histoire... mêmes salauds qui s'arrogent le droit d'endeuiller les familles. Dimanche dernier, c'était un jeune médecin qui revenait d'un retrait à un ATM. Il y a trois mois, c'était notre tour... nous pleurons encore.
Dans un pays vide de leadership et d'autorité, le crime impuni règne en seul maître. Il se balade dans les rues et nous guette. Les citoyens qui se laissent faire n'ont pas le droit de s'appeler "civilisés" ou "société"... ils n'ont pas encore atteint ce niveau. Pour y arriver, il faut d'abord savoir choisir ceux/celles qui ont la lourde tâche de mener la barque à bon port.

Les gouvernants passent le temps à perdre du temps dans les petites querelles aussi insignifiantes que ridicules. Les priorités sont mal définies.
Pendant que la saison cyclonique menace de faire des ravages et que les eaux s'arrangent pour enlever, une fois de plus, de précieuses vies, un va-nu-pieds sans passé et sans futur va faire pleurer une maman pour aller fumer un "joint"...

J'entends encore la voix, belle, grave, solennelle, de Richard Brisson qui répète sans cesse sur le 33 tour: "Redis-moi le poème des condamnés à mort qui chantent la tourmente des vies en péril..." », a écrit la dame sur Facebook.

Y a-t-il un rapport de cause à effet entre cette tristesse lancinante devant l'évidence de nos malheurs et cette information repérée elle aussi grâce à un post sur Facebook : les Haïtiens, en 2012, ont beaucoup immigré au Québec. 4 742 de nos compatriotes, pas les plus pauvres ni les moins instruits, ont déposé leurs valises dans cette seule province canadienne.
Selon les statistiques officielles du Canada sur la provenance des immigrants économiques du Québec, en 2012, les Haïtiens se classent en 3e position dans ce lot, devancés seulement par 5 539 Chinois et 5 143 Français.

Partir, de gré ou de force.

Les statistiques des morts violentes, des exilés volontaires, des millimètres de pluie, de quintaux d'alluvions ont-elles un rapport de cause à effet ?

Source: Le Nouvelliste
Frantz Duval
Twitter:@Frantzduval

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