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Me Madistin se retire des élections de 2016 et dénonce la poursuite du processus sans tenir compte des recommandations de la commission de vérification

samuel madistin retrait presidentiel

Tout Haiti vous presente la lettre ouverte à la Nation de Me Samuel Madistin candidat a la presidence du MOPOD

Port-au-Prince, le 22 juin 2016

Militants, sympathisants et candidats du MOPOD,  cercles et associations des amis de Me Samuel MADISTIN,
Peuple haïtien,
 
Il y a plus d’un an je vous ai présenté ma candidature pour la présidence de la république d’Haïti en réponse à l’imposture de l’ère Martelly dans le but d’accompagner les masses populaires et paysannes ainsi que la classe moyenne et les hommes d’affaires patriotes qui  lancent le défi progressiste en exigeant, avec raison,  un changement en profondeur. Je vous ai proposé d’attaquer et de résoudre ensemble les problèmes liés à l’organisation générale de l’État et de mettre en place des structures durables de fonctionnement d’un Etat moderne.
 
Le défi était grand car nous devions faire face à l’importance de plus en plus accrue de de l’argent et surtout de l’argent sale dans les campagnes électorales en Haïti, de l’influence des pouvoirs publics dans le viol et la perversion du vote populaire.
 
Avec les candidats et candidates du MOPOD, mon équipe de campagne, j’ai mené une campagne électorale propre respectant les principes d’honneur, de dignité et de fierté qui m’ont toujours caractérisé ;
 
Les idées que j’ai défendues au cours de cette campagne longue et dispendieuse, qui sont aussi celles du MOPOD qui se retrouvent dans le programme que j’ai soumis au peuple haïtien sont claires et peuvent se résumer en trois mots : Un Etat Fort.
 
Peuple haïtien,
Je vous remercie du fond du cœur pour l’accueil que vous avez réservé aux idées que je vous ai présentées.
 
Les conditions exécrables d’organisation des élections, les fraudes massives qui ont caractérisées le scrutin ne me permettent pas d’évaluer le niveau de réceptivité de l’électorat. L’histoire retiendra toutefois que j’ai soutenu des idées de changement basé sur le retour aux valeurs fondatrices ( liberté, fierté, dignité, entre autres ). J’ai fait aussi la promotion d’idées de progrès telles : recherche scientifique, innovation technologique, création de richesses, modernisation de l’Etat, lutte contre la corruption, création  massive d’emplois, etc. J’ai enfin défendu l’idéal dessalinien fait de souveraineté nationale, d’égalité des races, de justice sociale et d’intégrité territoriale. 
Haïti devra accepter les idées que je défends ou poursuivre son processus d’effondrement et sa pénible descente aux enfers.
 
Quelques jours après les élections du 25 octobre 2015, devant l’ampleur des fraudes, je me suis associé à d’autres candidats à la présidence au sein du groupe communément appelé groupe des huit ( G-8) pour exiger la mise en place d’une commission d’évaluation et de vérification électorale chargée de restituer la sincérité du scrutin, d’identifier les fraudeurs et de les écarter du processus électoral. Ce cénacle de candidats à la présidence – grande première en Haïti – a tenu plus de sept mois dans sa détermination à faire respecter le vote populaire. La bataille fut rude et les adversaires nationaux et internationaux puissants. Cependant la détermination du peuple haïtien  a vaincu l’adversité. La victoire est pourtant mitigée. Une importante décision politique était dès lors nécessaire pour poser le problème de la transition refondatrice, incluant nécessairement la réforme constitutionnelle, la réforme du système électoral et de la réorganisation de l’Etat. Hélas !
 
Le processus électoral est pourtant relancé avec beaucoup de précipitation, ce qui compromet ses chances de succès véritable. Il n’est pas concevable d’avoir dénoncé un processus électoral frauduleux, de l’avoir prouvé à travers une commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale, et de poursuivre malgré tout avec ce même processus sans tenir compte des recommandations de cette commission, ni des correctifs à y apporter tant du point de vue technique, institutionnel, et juridique,  ni même des suites légales à donner en fonction du décret électoral qui fixait les règles du jeu que nous avions tous acceptées. Ce serait me renier et trahir la lutte démocratique du peuple haïtien. Mon combat éthique pour le triomphe de la vérité et celui des valeurs morales et progressistes ne me le permet pas  non plus.  Les enjeux du moment et les ambitions souvent démesurées de certains empêchent malheureusement toute forme d’unité de lutte entre les forces démocratiques et populaires pour un et projet commun.
 
Cette situation m’oblige à faire le retrait de ma candidature. Ceci me permettra de prendre le recul nécessaire pour mieux observer  les événements.
 
C’est pour moi l’occasion de remercier du fond du cÅ“ur, les dirigeants, les militants-tes et les sympathisants du MOPOD, mon équipe de campagne, les cercles et associations des amis de Me Samuel MADISTIN pour leur soutien. Merci à tous ceux et toutes celles qui ont voté pour moi et qui ont accueilli mes idées avec ferveur. Je suis désolé de n’avoir pas pu vous amener à la victoire, mais le combat que j’ai mené avec vous pendant les derniers mois m’ont permis encore de croire qu’il existe un noyau de résistance pour continuer le travail. J’ai mené une campagne électorale conforme à mes convictions, marquée par le respect des valeurs de moralité et d’intégrité, et  j’assume mes choix. Il est aujourd’hui définitivement admis, grâce à cette campagne, qu’il y a de la place pour des hommes et des femmes honnêtes en politique en Haïti. Le retrait de ma candidature après l’annulation des élections présidentielles doit permettre de renforcer l’idée que les compétitions électorales en Haïti ne sont pas uniquement réservées à ceux et celles qui achètent des votes.
 
A ceux qui n’ont pas voté pour moi, je dis que je respecte leur choix. Nous nous devons de réfléchir sur l’évolution de la situation politique du pays dans la perspective de combats futurs.
 
A la grande majorité silencieuse qui n’a pas jugé nécessaire de participer au scrutin pour des raisons évidentes que je comprends, je dis que le moment est venu de s’impliquer dans les affaires de l’Etat en crise de dépérissement avant qu’il ne soit trop tard.
 
Le contexte politique actuel est complexe et difficile, la jeunesse est aux abois, les masses populaires et paysannes abandonnées, les inégalités sociales atteignent des proportions alarmantes, la lutte pour le pouvoir fait fie de la situation réelle et accablante du pays. J’ai quand même la conviction que le salut du peuple passe inévitablement par l’émergence en Haïti d’un Etat Fort. C’est là mon engagement. Je continuerai à me battre pour le triomphe de mes idées qui sont aussi celles du MOPOD. Il n’y a pas qu’au  palais national que l’on peut servir son pays. Mon engagement à vos cotés dans la lutte pour le changement véritable reste entier.
 
Ensemble pour un Etat Fort!
Je vous remercie.
 
Samuel MADISTIN, Av.