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Haïti s'effondre: on assassine à l’intérieur de l’université

les executés de jovenelMe Monferrier Dorval (à droite) - Grégory Saint Hilaire (Etudiant Ecole Normal Superieure)  tous deux Executés par la dictature de Jovenel Moise et de sa Police

L'écrivain Alin Louis HALL dans une publication libre soutient que nous sommes en train de vivre et revivre "les mêmes évènements. Il n'y a que les dates et les noms des personnages qui changent. Il y a surtout le même silence éloquent de la majorité dite silencieuse."

Le peuple haïtien assiste impuissamment à l'effondrement de la société. Les criminels continuent de satisfaire leur penchant naturel pour la mort brutale.

Dans ce billet, j'évoque de manière parodique le titre du célèbre roman Le monde s'effondre de l'écrivain nigérian, Chinua ACHEBE pour partager ma réflexion sur l'assassinat de l'étudiant Grégory SAINT HILAIRE abattu le vendredi 2 octobre 2020 à Port-au-Prince, dans les périphéries du Palais National.

Alors qu'en Haïti la Police assassine par balle un étudiant à l'enceinte même d'une faculté, de près, circulent librement et toute quiétude les bandits de G-19, fédération de gangs instituée sous l'instigation du pouvoir en place tel qu'il a été affirmé sur les ondes de la Radio Magic 9 par Jean Rebel DORCENAT, Porte-parole de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et de Réinsertion(CNDDR). «Nou te fè yo monte G9 yon fason pou pale ak yo pi fasil. Lè sa se ak tètdepon yo CNDDR a ap diskite. Komisyon an pap bezwen rankontre tout bandi yo…» dit-il. Il est à signaler qu'à maintes reprises, ce membre de cette Commission opaque se fait Interprète de ce regroupement de gangs. Le mardi 14 juillet 2020 sur la même radio suscitée, Jean Rebel DORCENAT a eu à admettre, en bon défenseur, que "G9 an fanmi ak alye pap sipòte okenn kan politik." Et les relations entre bandits et pouvoir ne font aucune ombre de doute.

Revenons sur les faits

Vendredi 2 octobre 2020, pour la première fois dans l'histoire d’Haïti, un étudiant tombe sous les balles des Agents de l'Unité de Sécurité Générale du Palais Nationale (USGPN). Les médias de 2004 se taisent encore.

Ce drame survient lors d'un affrontement entre des Agents du Palais National et des étudiants de l'École Normale Supérieure (ENS) exigeant leur intégration comme professeurs dans l'enseignement. Grégory SAINT HILAIRE, très déterminé, il croyait pouvoir contribuer dans la construction d’une autre société.

Et le seul péché de ce fils issu des masses défavorisées:

- Être étudiant à l'École Normale Supérieure(ENS) et à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques(FDSE);

- Voulant sa légitime intégration ainsi que celle de ses camarades d’université dans le système éducatif haïtien pour avoir été formés à cet effet;

- Avoir osé fréquenter un haut lieu de savoir académique, un espace critique et de débats contradictoires.

Grégory SAINT HILAIRE est parti. C'est l'assassinat d'une étoile. Un citoyen engagé qui a combattu pour la refondation d'une Haïti plus juste. Ses diverses photos prises lors des manifestations témoignent son engagement pour l'émancipation de la masse afropaysanne.

Il faut toujours marteler sans répit que, pour la première fois en Haïti, Dr Monferrier DORVAL, un Bâtonnier de l'Ordre des Avocats tombe chez lui sous les balles assassines en sa résidence non loin de celle du président de la République.

Pour revenir au sens de mon propos, la disparition de cet étudiant avisé et dynamique est un cadavre de plus. Une mort de trop grossissant cette liste déjà trop longue. Une liste que les autorités étatiques ont peut-être le plaisir d'admirer en jouant avec la fameuse phrase l'enquête se poursuit. Et nous mourrons tous pour le grand plaisir du Vice-Dieu, Apredye, l'Ingénieur autoproclamé.

Haïti est malade. Le pays ne peut pas respirer. Et le pouvoir PHTK fait les yeux doux à l'ensauvagement makout.

Haïti a connu au cours de son histoire des gouvernements assassins, mais jamais un étudiant n'a été exécuté à l'intérieur de sa faculté. Sans ambages, l'équipe TètKale montre son vrai visage.

Mais, combien d'assassinats, combien de massacres, combien de crimes et combien de cadavres devrons-nous compter afin de dire c'en est assez?

De tout compte fait, l'assassinat de l'étudiant Grégory SAINT HILAIRE doit non seulement nous révolter mais également, cet acte crapuleux doit rapidement annoncer l'avènement d'un temps de lumière. Il nous faut un nouveau souffle. Il y a donc une nécessité de rompre avec le faire semblant qui reproduit la misère pour le plus grand nombre. Pour parler comme Alin Louis HALL, la société coloniale sans sanction a ses commanditaires, ses dépositaires et ses thuriféraires. Pour remonter les bretelles au statu quo, la révolution sera éthique.

 

Iléus PAPILLON
Sociologue