Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Actualités

"Son seul péché: refuser de vendre à M. Martelly sa maison située trop proche de la sienne"

Ranmase-9-8-2012-jeanmonard

Par Jean Monard Metellus  ---- Le concerné, le Dr André Morno; il n'etait pas à Ranmase hier samedi mais son avocat oui, Me Edwin Coq. Pourtant, ce n'est pas vraiment lui qui a révélé le scandale; c'est le bouillant Newton St Juste, présent à l'émission pour sa croisade contre la famille présidentielle et sa propension à confondre l'Etat à un bien privé mais, qui a sauté sur l'occasion pour dénoncer cet abus d'autorité de la part d'un chef d'Etat qui croit pouvoir utiliser sa position pour bafouer les droits des autres.

Le Dr Morno qui est un ancien professeur à la faculté de Médecine et un professionnel à la retraite possède un bloc-appartement à Peguy Ville, limitrophe à la résidence du président Martelly. Sous prétexte que la securite du chef de l'Etat pourrait être compromise pas cette maison située trop proche de la sienne, M. Martelly aurait tout fait pour se débarrasser de cette présence encombrante et devant le refus du Dr Borno de vendre la maison, son nom s'est retrouvé sur une liste de créanciers de la DGI pour une somme-record de 86 millions de gourdes et il est du même coup interdit de quitter le pays.

Newton St Juste a dénoncé le fait arguant que le président Martelly se croit à la tete d'une monarchie qui lui permet d'avoir droit de vie et de mort sur ses sujets. Me Gervais Charles et Me Stanley Gaston, les deux avocats de M. André Michel Apaid, présents eux aussi à l'émission sont venus avec des arguments assez solides pour expliquer que les mesures prises à l'encontre de leur client cette semaine n'avaient autre justification qu'une persécution politique et que le président Martelly qui est la main politique invisible dans cette affaire paiera tôt ou tard les conséquences de ses actes.

Le ministre de la Communication, Ady Jeangardy, le directeur général de la DGI, Me Clark Neptune , son directeur général adjoint Andral Joseph et toute une equipe de techniciens de la Direction des Grands contribuables (Joseph Saline Montinor, directeur, Mme Merveille Marie Michelle et Mme Micheline C. Charles) se sont évertués à expliquer qu'ils avaient procédé selon les données à leur disposition et qu'il n'y avait rien de politique dans la sortie de cette liste mais, pourtant certaines zones d'ombres demeuraient. Tout d'abord, pourquoi le nom de M. Apaid y figurait alors qu'il avait en sa possession une franchise fiscale délivrée par le ministère de tutelle de la DGI, les Finances et l'Economie (le prétexte ignorance est inacceptable), ensuite pourquoi certains grands contribuables qui ont des dettes bien supérieures ne sont pas sur la liste et pourquoi cette précipitation à transmettre la liste au parquet et à l'Immigration.

Des réponses certes, il y en a eues à cette émission Ranmase mais, on doute fort qu'elles puissent vraiment éteindre "l'incendie". Me Danton Léger en sa qualité de député promet d'enquêter alors que le Dr Turneb Delpe a trouvé tout ceci suspect et se pose des questions concernant les conséquences fâcheuses que cette affaire peut avoir pour les contribuables victimes par erreur impardonnables de la DGI.

Sur l'affaire Lambert-Levaillant, Danton Léger pense qu'on peut arriver jusqu'à la démission de Martelly et de Levaillant; à savoir du corrompu et du corrupteur. Ady Jeangardy a essayé de dédramatiser mais, le job était difficile puisqu'il n'a pas l'audace d'un Guy Delva pour défendre l'indéfendable. Sur les accusations de Me Newton St Juste contre Sophia Martelly et de son fils, Olivier Martelly, le ministre Jeangardy et son conseiller spécial, Waner Cadet ont essayé de démontré l'inconsistance du dossier jouant sur la code sensible de l'auditoire pour la mission de lutte contre la faim dévolue à la commission, là encore le reste du panel (Me Leger, Dr Delpe, Me Gervais Charles) ne s'est pas laissé faire arguant qu'il s'agit bien d'un cas de népotisme avec une famille présidentielle qui se convertit en comptables de deniers publics.

Sur l'épineux dossier de l'Organisme électoral, les positions n'ont pas vraiment changé. Ady Jeangardy et Waner Cadet se sont accrochés au CEP (permanent) arguant que c'est une exigence de la constitution amendee; Me Danton Léger refuse qu'on lui parle de constitution amendée car la loi-mère n'ayant pas été promulguée et veut donc pas s'engager dans un CEP permanent. Me Gervais Charles n'en revient pas lui-même sur les conditions et circonstances de la désignation des trois membres du CSPJ. "Deux d'entre eux avaient été auditionnés au palais national avant leur choix dans un vote qui fera l'histoire pour le caractère illogique, antidémocratique dans lequel il a été fait", a dit l'ancien bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Port-Au-Prince . Pr le Dr Delpé, si le président Martelly s'entête dans cette affaire de CEP (permanent), il risque de plonger le pays dans une crise aux conséquences tres dommageables.

Jean Monard Metellus
Photo: CaraibesFM