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Conférence de Chicago: De la bataille de Vertières à Anténor Firmin - la problématique de l’indépendance des peuples (1 de 5)

 

vertieres

  Par Leslie Péan, Chicago, 23 novembre 2013 ---  Chaque année, les pouvoirs publics haïtiens célèbrent en grande pompe la bataille de Vertières. Sauf en de rares exceptions, les gouvernements, surtout quand ils sont en difficulté, sautent sur cette occasion pour essayer de désamorcer des tensions sociopolitiques et modifier leur image. Alors, ils dénaturent le glorieux héritage de Vertières et présentent les faits historiques hors de leur contexte. La reconstitution de l’événement Vertières exige une exploration du champ politique dans tous ses aspects. Pour appeler à la sagesse et éviter de voir la cause de nos malheurs uniquement dans les autres mais aussi dans nous-mêmes. C’est ce que demande le devoir de responsabilité.

Avant de rentrer dans le sujet, il importe d’évoquer l’environnement ayant conduit à l’insurrection générale suite à l’arrestation de Toussaint le 7 juin 1802 et sa déportation en France le 16 juin 1802. À l’époque tous les généraux indigènes se sont déjà rendus à Leclerc. Il n’y a que les Congos ou Bossales tels que Sylla, Sans Souci, Macaya, Gingembre Trop Fort, etc. qui continuent le combat les armes à la main. Gingembre Trop Fort sera vite arrêté et déporté avec Toussaint Louverture le 16 juin. On y reviendra.

Les Français alimentent les inimitiés entre Bossales et Créoles, mais aussi celles plus importantes entre « Africains Â» et « citoyens Â»[1]. En effet, l’esclavage une fois aboli en 1793 suite à l’insurrection générale des esclaves des 14 et 22 août 1791 , la ligne de démarcation entre le « nous Â» et le « eux Â» passe entre ceux qui ont la propriété du sol et ceux qui sont contraints de travailler le sol. Entre les « citoyens Â» qui jouissent de tous leurs droits civils et politiques d’une part et les « Africains Â» non libres d’autre part. C’est sur cette base subtile et moins criante que Toussaint Louverture organise la nouvelle société. Les règlements de culture du 12 octobre 1800 suivis de la proclamation sur les cartes de sûreté du 26 novembre 1801 deviennent l’arène des règlements de compte.

La vérité d’évidence se présente sans maquillage dans sa logique nue avec la carte de sûreté instaurée par Toussaint Louverture permettant d’aller dans les villes et bourgs et refusée aux cultivateurs noirs[2]. Cette affreuse carte de sûreté sera aussi utilisée par Dessalines d’après l’ordonnance du 25 octobre 1804 « renvoyant à la culture les personnes sans aveu Â»[3] et le communiqué du 7 décembre 1804. Depuis 1801, les cultivateurs africains dirigés par le général Moyse Louverture, neveu de Toussaint, s’étaient révoltés contre cette politique agraire. Ce dernier voulait atténuer les effets négatifs de la révolte des cultivateurs en sacrifiant son propre neveu. Mais, en dépit du fait que Moyse soit fusillé par son oncle le 29 novembre 1801, moins d’un an plus tard, les contradictions de la politique agraire louverturienne, continuée par Dessalines, aboutiront à un autre soulèvement des cultivateurs. Le général Charles Belair, un autre neveu de Toussaint Louverture, en prit la direction.

Dessalines se met en campagne contre Charles Belair. Il l’arrête et le fait juger, ainsi que son épouse, par un jury militaire qui les condamne à exécution le 15 octobre 1802 sous l’accusation d’appui au soulèvement des Congos. Le jury militaire était dirigé par le général de division, chef de l’état-major de l’armée française Charles Dugua, assisté des généraux Dubarquier, Abbé, et Claparède et du général créole mulâtre Clervaux[4]. Les luttes de pouvoir ne connaissent aucune limitation. Les individus n’ont aucune retenue. La notion d’autolimitation ne fait pas partie de leur univers. C’est un peu comme aujourd’hui le refus d’autolimitation qui se voit dans les blogs sur l’internet. N’importe quoi est écrit pour se sentir exister.

L’écriture coloniale n’a pas que des idiots sans cervelle propageant l’infériorité des noirs et la nécessité de les maintenir en esclavage. Par-delà le stupide et le superficiel, elle sait commet diviser ceux qu’elle opprime pour les rallier sous son drapeau avec un déguisement mensonger. Le général Leclerc, en prenant la décision d’arrêter Toussaint Louverture, a publié dans les journaux, plus particulièrement dans la Gazette officielle de Saint-Domingue, le 10 juin 1802, une proclamation suivie de la lettre de Toussaint Louverture au citoyen Jean-Pierre Fontaine en date du 26 mai 1802[5]. Leclerc dit dans cette proclamation :  

« Toussaint conspirait ; vous en jugerez par une lettre ci-jointe adressée au citoyen Fontaine. Je n’ai pas dû compromettre la tranquillité de la colonie. Je l’ai fait arrêter, embarquer et je l’envoie en France, où il rendra compte de sa conduite au Gouvernement français. Dans une lettre adressée au citoyen Fontaine, il s’emporte en invectives contre le général Christophe, et il se plaint que le général Dessalines l’a abandonné.

Il avait défendu à Sylla de mettre bas les armes, et aux cultivateurs de ne travailler à d’autres plantations qu’à celles de leurs vivres.

Il avait envoyé un de ses complices au général Dessalines, pour l’engager à ne pas se soumettre de bonne foi : le général Dessalines me l’a déclaré. Il comptait beaucoup à Saint-Marc sur Manissait : il est arrêté.

J’ai sévi contre ce grand coupable, et j’ordonne aux généraux de division de l’armée, de faire rentrer de vive force, tous les cultivateurs qui sont encore en armes dans les montagnes. …….

Le chef de l’état-major fera imprimer, publier et afficher le présent ordre avec la lettre du général Toussaint et l’enverra de suite à toute l’armée et dans toute la colonie. »

 Leclerc publie également une lettre dans laquelle Toussaint Louverture invite le citoyen Fontaine à poursuivre la lutte en appuyant la résistance des soldats-cultivateurs. Toussaint écrit :

« Vous ne me donnez pas de nouvelles, citoyen. Tachez de rester au Cap le plus longtemps que vous pourrez.

On dit la santé du général Leclerc mauvaise à la Tortue, dont il faut avoir grand soin de m’instruire.

Il faudrait voir pour des a … de la Nouvelle. Quant à la farine, dont il nous en faudrait comme de cette dernière, on ne l’enverrait pas sans avoir passé à la Saona, pour connaître le point où on pourrait en sureté le mettre.

Si vous voyez le général en chef, dites bien que les cultivateurs ne veulent plus m’obéir. On voudrait faire travailler à Héricourt, dont le gérant ne doit pas le faire.

Je vous demande si on peut gagner quelqu’un près du général en chef afin de rendre D…. libre : il me serait bien utile, par son crédit, à la Nouvelle et ailleurs. Faites dire à Gingembre qu’il ne doit pas quitter le Borgne, où il ne faut pas que les cultivateurs travaillent. Â»

La publication de ces documents par Leclerc indique que si la bataille de Vertières s’est soldée par la victoire des troupes indigènes, il ne faut pas se leurrer sur le manque de confiance entre nos aïeux, les pères fondateurs. Tout le monde sait à quoi s’en tenir avec Pétion qui est revenu avec l’expédition Leclerc d’une part et avec Dessalines qui a trahi Louverture d’autre part. La situation est complexe. Le 27 mai 1802, Dessalines demande des instructions à Rochambeau sur le sort à réserver aux déserteurs noirs des 4e et de 18e semi-brigades[6]. Il se montre impitoyable envers les bandes de Congos au point où certains d’entre eux tels que Cagnet, Jacques Tellier, préfèrent se soumettre aux Français que de se rendre à Dessalines. La cruauté de Dessalines envers les Congos est telle que Leclerc écrira à à Bonaparte le 16 septembre 1802 : « Dessalines est dans ce moment le boucher des noirs. C’est par lui que je fais exécuter toutes les mesures odieuses. Je le garderai tant que j’en aurai besoin. J’ai mis auprès de lui deux aides de camp qui le surveillent et qui lui parlent constamment du bonheur que l’on a en France d’avoir de la fortune. Il m’a déjà prié de ne pas le laisser à Saint-Domingue après moi[7].»

Dans le même temps, les chefs Congos tels que Jean-Joseph Laplume et Louis Labelinaye sont restés fidèles aux Français jusqu’à la fin. Le premier a été quand même déporté par Rochambeau et mourut à Cadix en 1803 tandis que le second a pu s’embarquer avec sa famille et ses domestiques après la bataille de Vertières et l’évacuation du Cap par les Français. Labelinaye revint en Haïti en 1816 et sera réintégré dans l’armée de Pétion au grade de colonel. Un autre exemple est celui d’ André Rigaud[8], qui envoie, le 21 janvier 1803, une lettre de condoléances au général Rochambeau pour la mort de Leclerc et lui demande de procéder à la restitution de ses propriétés confisquées. Notre identité de peuple est aux prises avec ces faits. Selon la position sociale qu’on occupe, on adopte des vues sur le présent et sur le passé. On se donne une représentation de soi à travers le temps dans la façon dont on se souvient de ce passé. En d’autres termes, le récit du passé est constitutif de la conscience actuelle de la situation d’Haïti.

Souvent les historiens sont conduits à remanier le passé, et même à le forger, pour en assurer l’homogénéité et la compatibilité avec les idéaux de l’heure. D’où certains réaménagements qui n’ont rien à voir avec la vérité historique. D’où aussi la coexistence de récits différents voire divergents de la même réalité passée. Toutefois, il importe de comprendre que par-delà la diversité des positions sociales et des opinions, il y a une vérité d’un autre ordre qui se dégage de cette pluralité. Les noms de Pétion et autres dirigeants mulâtres figurent dans la liste des soldats embarqués par l’expédition Leclerc de même que celui de Dessalines est mentionné dans la proclamation de Leclerc du 27 juin 1802. Ce sont des vérités historiques qui dérangent et que plus d’un préfère ne pas mentionner. La sensibilité propre de certains historiens privilégie une vérité culturelle construite à partir de l’imaginaire identitaire national.

Les mots abrégés dans la lettre de Toussaint sont « armes Â» et « Dommage Â», nom du commandant Jean-Baptiste Rousselot, fusillé par les Français le 3 novembre 1802. On notera que le citoyen Jean-Pierre Fontaine auquel est destinée la lettre de Toussaint a été déporté en même temps que lui le 7 juin 1802 ainsi que Gingembre Trop Fort. Les deux (Fontaine et Gingembre Trop Fort) ainsi que 14 autres noirs de l’état-major de Toussaint Louverture ont été envoyés en prison à Cayenne en Guyane française[9]. La fièvre du combat qui s’empare des cultivateurs a sa source dans la mesure de Leclerc de procéder à leur désarmement systématique. La population noire se rebiffe d’autant plus qu’elle avait appris la nouvelle de la réinstauration de l’esclavage à la Martinique. Ce motif d’inquiétude a provoqué la lutte jusqu’au bout. Face au vent du rétablissement de l’esclavage avec la loi du 20 mai 1802, les Français ont récolté la tempête de la lutte jusqu’à la mort.

 De Toussaint à Dessalines

 Pourquoi Dessalines s’est-il comporté ainsi à l’égard de Toussaint Louverture ? Certains prétendent que c’est parce qu’il avait été l’esclave de Toussaint et avait des ressentiments à l’endroit de son ancien maitre. Dessalines a-t-il été l’esclave de Toussaint ? L’historien Jacques de Cauna répond ainsi à la question : « A cette importante question jamais réellement posée, la réponse est double : oui et non. Non, si l’on considère les choses de manière uniquement formelle, mais oui, sur un plan pratique et de vécu quotidien. En effet, si, en droit pur, Dessalines n’a pas été propriété personnelle de Toussaint, dans la pratique il a travaillé comme esclave sous ses ordres au Cormier pendant deux ans, comme appartenant à une de ses filles et à ses deux époux successifs, gendres de Toussaint. Un esclave familial en quelque sorte[10]. »

Le dispositif de l’expédition Leclerc conduit les généraux de l’armée indigène à se rendre aux Français dans le cadre d’une configuration politique qui ne laisse guère de choix entre la traitrise et la mort. La décision politique de Dessalines à l’endroit de Louverture n’a pas suscité les débats qu’elle mérite. Pourtant, elle est loin de l’éthique de conviction. Loin du devoir et de la raison. Elle participe d’une éthique de la responsabilité qui ne néglige aucun moyen pour arriver aux fins recherchées. Cette décision politique donne naissance à une conception du monde de la souveraineté limitée pour échapper à la mort. C’est l’émergence d’une complexité souvent difficile à maitriser. Avec toutes les incohérences des dilemmes de conscience charriés par le pragmatisme et le réalisme. Dans ce genre de situation, non seulement la causalité n’est pas linéaire, mais également les comportements fluctuent en dents de scie avec des hauts et des bas qui rendent difficiles les mesures.

Le comportement de Dessalines à l’endroit de Toussaint a d’autres motivations qui ne relèvent pas du ressentiment ou de la haine cachée des esclaves pour leurs anciens maitres. C’est une situation plus complexe. Dessalines a d’abord voulu sauver sa peau en faisant allégeance à Leclerc. Il a accepté la surdétermination internationale en donnant des signes concrets de son allégeance à la France. La culture esclavagiste produit le comportement de ruse chez l’opprimé. Comportement qui s’est mué au fil du temps en bakoulou et tikouloute. Le chape poul est la voie indiquée pour les individus avides de pouvoir. Surtout quand le choix est entre la trahison et la mort. Confronté à ce dilemme, Dessalines a opté pour la trahison, sinon il aurait été déporté comme les 16 membres de l’état-major de Toussaint Louverture qui ont tous péri dans les cachots de Guyane.

Longue est la liste des dirigeants haïtiens qui sont devenus des fantômes en se croyant plus malins que le blan. Il ne s’agit pas de les condamner ou de les plaindre, mais de comprendre pourquoi et comment ils sont devenus la proie de leurs propres fantômes. La conscience de soi et celle de la réalité existent-elles toujours ? Les exploités qui ne se rebellent pas sont-ils aussi responsables que ceux qui les exploitent ? À cette étape, les forces réactionnaires du statu quo sont en avance et ont compris la nécessité d’agir sur la volonté des uns et des autres par la propagande et le contrôle de l’information disponible afin d’enlever aux exploités toute velléité de révolte.

Les jugements portés sur Dessalines doivent donc tenir compte de tous ces éléments. La férocité des dirigeants haïtiens dans l’élimination physique de leurs compétiteurs doit s’inscrire dans la politique plus globale de destruction et d’anéantissement de l’autre inaugurée par l’occident chrétien en Haïti. Politique de banalisation de la cruauté des dominants dans un monde insolite de rivalités muettes. La gangrène de la ruine éthique aboutit à un engourdissement général sinon à des pactes dégradants. Thomas Madiou résume la complexité de la relation entre les Français et Dessalines lors de la rencontre de ce dernier avec Leclerc en 1802, en ces termes.

« Leclerc l’accueillit avec affabilité. Il lui dit qu’il comptait sur son énergie pour l’extermination des brigands et le maintien de l’ordre. "Le tonnerre les pulvérisera" répondit Dessalines. Leclerc lui fit don d’une magnifique paire de pistolets, d’un beau sabre d’honneur et de 800 piastres. Le capitaine-général lui demanda si Toussaint ne l’avait pas engagé à ne pas se soumettre à la France. Cette question surprit Dessalines qui répondit affirmativement : l’éloignement de Toussaint de la colonie ne pouvait désormais que lui être agréable. Le dévouement à la cause de son ancien chef était alors contraire à ses intérêts. Toussaint était déjà oublié. Dessalines, dans cette entrevue, se montra heureusement indifférent à son sort ; s’il s’était apitoyé sur lui, il aurait été arrêté et embarqué pour la France. Leclerc le vit disposé à ne pas contrarier l’arrestation de l’ancien gouverneur, et à combattre ceux qui prendraient les armes pour le venger[11]. Â»

Pour parfaire le travail de récupération et casser toute possibilité d’unification entre les chefs insurgés, Leclerc s’empresse de faire savoir à Pétion ce que Dessalines pense de lui et vice versa. Un courant révisionniste voudrait faire croire que Thomas Madiou aurait inventé ce comportement à Dessalines afin de le diminuer devant les Noirs. Pourtant, 15 ans avant que Thomas Madiou publie son Histoire d’Haiti, Isaac Louverture, fils de Toussaint Louverture, déclare dans ses Mémoires parus en 1825 : « C’était la moindre des choses que Toussaint Louverture eut faites pour Dessalines : à la recommandation du colonel Bonnaventure, il l’avait élevé successivement à tous les grades militaires ; et le général Dessalines, qui lui devait tout, fut sans pudeur et sans remords, son accusateur et son calomniateur.

Le général Leclerc, de son côté, ne se fit point scrupule de prévenir Toussaint-Louverture contre Dessalines ; le lendemain de son entrevue avec ce général qui avait été gagné, flatté et caressé par lui, à qui il avait fait des présens pour le mettre entièrement dans ses intérêts, il recommanda à Isaac Louverture de raconter à son père la conduite de Dessalines, et de lui dire que Christophe avait des sentimens bien différens[12]. Â»

 Les contradictions de la dépossession de soi

 En 1803, le Cap-Français, capitale de la colonie, continue de vivre avec ses habitants qui dansent sur un volcan. Les cargaisons de café provenant des habitations de la région sont amenées aux dépôts et magasins de la Petite-Anse. L’édilité procède à des adjudications pour des marchés tels que l’enlèvement des boues et des immondices de la ville, l’éclairage de la ville, le transport des décédés dans le nouveau cimetière près du fort Belair. La vie théâtrale et artistique fleurit avec les spectacles tels que des opéras comme La piété filiale et des comédies comme Les jeux de l’Amour et du hasard de Marivaux.

La guerre a affecté l’économie de Saint Domingue et particulièrement la ville du Cap. Pour tenter de recouvrer des impôts sur les exportations de denrées, Rochambeau fait établir le 25 Thermidor 1803, (7 juillet 1803) un marché à la Petite Anse. Les productions de café et autres denrées coloniales (sucre, indigo, coton) sont pesées à la balance et placées dans les entrepôts du gouvernement qui délivrent des récépissés aux propriétaires. Par exemple, pour la semaine du 23 au 30 Fructidor 1803, soit du 5 au 12 septembre 1803, 22.617 livres de café venant de 70 habitations dans neuf quartiers sont entrées dans les magasins de l’administration de la Petite-Anse[13]. Il s’agit de contrôler les déplacements des populations d’un quartier à un autre en demandant que des passeports leur soient délivrés par les chefs de quartiers avec les noms des individus et des habitations d’où viennent les denrées. Mais c’est aussi un moyen pour le Gouvernement colonial de prendre à la source les 50% du prix de vente des denrées comme taxe pour financer l’effort de guerre. (à suivre)

 Leslie Péan
Economiste, Historien


[1] Vertus Saint-Louis, « Les termes de citoyen et Africain pendant la révolution de Saint-Domingue Â», dans Laennec Hurbon, L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue (22-23 août 1791), Karthala, 2000.

[2] Ibid, p. 90.

[3] Linstant Pradine, Recueil général des lois et actes du gouvernement d’Haïti, v. 1, 1804/1808, Paris, 1886, p. 35.

[4] « Jugement du général de brigade Charles Belair et de Sanite sa femme Â», Gazette officielle de Saint-Domingue, numéro 32, Cap-Français, 9 octobre 1802, p. 2-3. Lire aussi Lieutenant Pierre Mestre, Le général Claparède: sa vie militaire, ses campagnes, Paris, Paul Dupont Éditeur, 1899, p. 88-89.

[5] Gazette officielle de Saint-Domingue, numéro 1, Cap-Français, 23 juin 1802, p. 2-3. Les deux lettres sont reproduites dans Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome II, P-au-P, Deschamps, 1989, p. 324 et 328.

[6] University of Florida, Rochambeau Papers, no. 415, 27 mai 1802.

[7] Yves Bénot et Marcel Dorigny, Rétablissement de l’esclavage dans les colonies françaises – Aux origines d’Haïti, ‪Maisonneuve et Larose, 2003, p. 567.

[8] University of Florida, Rochambeau Papers, no. 1552, 21 janvier 1803.

[9] Jean Destrem, Les déportations du Consulat et de l’Empire, Paris, 1885, p. 280 et 507.

[10] Jacques de Cauna, « Dessalines, esclave de Toussaint ? Â», Outre-Mers. Revue d'Histoire, tome 100, n° 374-375, 1er semestre 2012, p. 1.

[11] Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome II 1799-1803, P-au-P, Deschamps, 1989, p. 321.

[12] « Mémoires d’Isaac Louverture » dans Antoine Métral, Histoire de l'expédition des Français à Saint-Domingue, sous le consulat de Napoléon Bonaparte, (1825), Paris, Karthala, 1985, p. 299.

[13] Gazette officielle de Saint Domingue, numéro 1, Cap-Français, 29 septembre 1803, p. 3.

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