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Jean-Bertrand Aristide a creusé son propre trou

aristide lunette

De son retour en Afrique du sud en 2011, on a un Aristide d'une nouvelle version, une version méconnaissable de l'homme d'avant, comme c'était le cas en 1994 après avoir passé 3 ans en exil, en pèlerinage suite au coup d'état sanglant mené par le général Raoul Cedras. Le premier exil a accouché un Aristide luxure, non chaste et qui a trahi le discours du prêtre de Saint Jean Bosco. Le deuxième exil a accouché un Aristide assagi, fatigué, lâche, poltron et peu intelligent. Est-ce le fruit des coups bas de la politique ? Ou les dures expériences accumulées pour ses deux mandats ratés ?

Être dans la politique, c'est être dans l'armée et on n'abandonne pas, ou du moins on ne peut pas l'abandonner ; d'ailleurs ce que vous êtes entant que personnalité vient de votre engagement, de votre verbe, de votre bravoure, de votre détermination et de votre flair. La politique est une carrière, vocation et une vie... Impossible de passer du politicien au professeur sans l'être encore jusqu'à votre dernière demeure.

Aristide s'est leurré en croyant qu'il peut juste dire que je ne suis plus dans la politique, je me consacre à l'éducation pour qu'on cesse de lui considérer comme un politicien. En essayant de s'effacer sur la scène politique est pour l'adversaire d'en face qu'une stratégie politique pour mieux déplacer ses pions dans l'ombre... Personne ne le croirait, surtout en gardant votre instrument politique, le parti Fanmi Lavalas.

Le premier trou qu'il a creusé c'est dire de manière grotesque, que je ne suis plus dans la politique et que désormais, je me consacre à l'éducation. Un message mal venu dans les oreilles des victimes du mouvement GNB (Grenn Nan Bouda) et a dosé la velléité des militants combatifs qui veulent reprendre leur revanche (ce qui est normal dans le jeu).

Le deuxième trou, c'est son bruyant silence. Un silence qui ne rassure pas, qui démobilise et qui ôte tout espoir d'un lendemain meilleur par la reprise du pouvoir avec un Aristide, le prêtre des pauvres qu'il fut.

Le troisième trou, c'est le mythe des années 1990, croyant que Lavalas comme mouvement a toujours la même force, et que la terre cesse de tourner pour les lavalassiens et rien ne bouge du tout. De ce mythe, Il semble qu'Aristide se croit être capable de mobiliser tout le pays rien qu'en craquant le doigt.

Le quatrième trou, ce sont les tours de valse du parti Fanmi Lavalas avec Aristide à la commande. On ne comprend rien de ce que dit un cadre Lavalas, tantôt pour, tantôt contre, tantôt je ne sais quoi. Une communication incohérente qui n'arrive pas à atteindre son cible, et on ne fait pas ça en communication politique. Le staff dirigeant de Fanmi Lavalas réclame la tête de Laurent Lamothe, pourtant la base réclame la tête de Martelly.

Le cinquième trou, ce sont les choix de ceux composant le staff dirigeant de Fanmi Lavalas, décriés comme n'étant pas digne d'occuper une telle position à la tête du parti. Aristide n'a pas pu livrer la marchandise à travers un congrès national du parti. Des choix du représentant national du parti, et qui frustrent les bases qui sont les fers de lance, la vraie force de la mobilisation. Les bases qui sont les principales victimes des deux chutes du pouvoir Lavalas et qui espèrent encore en dépit de tout.

Le sixième trou, c'est l'erreur fatale du 29 novembre 2013 d'Aristide en acceptant une manifestation de deux branches sans rien faire. C'est voulu ou imposé ? Une manifestation de deux branches issue de la même mouvance. Une branche pour la ruelle vaillant emmenée par le staff dirigeant du parti Fanmi Lavalas avec Dr. Maryse Narcisse, et une autre branche pour l'ambassade américaine emmenée par le sénateur Jean-Charles Moise qui se fait accompagner par la base du Parti Fanmi Lavalas. Division en plein jour, affaiblissement de la mobilisation contre le pouvoir en place qui s'avoue avoir l'habitude de vivre n terre étrangère et qu'il n'aurait aucun problème de plier bagage.

Le septième trou, c'est l'absence de leadership d'Aristide ou son orgueil de croire que tout passe par lui et rien qu'à lui. Aristide dans son mutisme, n'arrive pas à coller les morceaux entant que père de la famille. Et le dernier clou, c'est la note du staff dirigeant de Fanmi Lavalas expulsant publiquement le sénateur Jean-Charles Moise et le député Arnel Belizaire du parti, les deux véritables opposants farouche du pouvoir en place et qui se connectent avec la base du parti Fanmi Lavalas.

La division du parti Fanmi Lavalas fait le chou gras du pouvoir en place qui sait bien d'où il vient et qu'il ne peut compter sur l'appui de la population en dépit des propagandes primaires et des pseudos programmes sociaux « EDE PÈP / TI MANMAN CHERI ». Le pouvoir n'y va pas en quatre chemins, il sait bien que son vrai adversaire est le parti Fanmi Lavalas, le seul qui peut le mettre en déroute. Ainsi, il ne jure que par la division de ce parti, acculer son vrai chef, l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, qui lui se fourvoie à Tabarre et creuse son trou pour s'enterrer politiquement et même physiquement.

Aristide s'est édenté, et pourquoi ? Aristide a été le témoin de l'attachement d'une bonne partie de la population le 08 mai 2013 à sa cause, date de sa première comparution par devant le juge Yvikel Dabresil. A-t-il eu peur ce jour-là parce qu'il aurait signé avec le blanc de ne pas s'immiscer dans la politique de son pays ? Ou juste le vacillement d'un homme en fin de mythe ?

Ce qui est certain, il ne lui reste pas beaucoup de temps pour écrire le dernier chapitre de son mythe. C'est à lui d'écrire ce chapitre pour qu'il y ait suite en se montrant à la hauteur de l'enjeu politique et même prêt à mourir pour une cause et devenir immortel, sinon, il sera mort politiquement de son vivant, et n'en aura que quelques souvenirs de son court temps de gloire dans l'histoire d'Haïti pour ses deux mandats ratés.

Ricardo VINTRIS
Editeur en chef
Agence PressLakay