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Le Nord n’est plus Christophien

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Par Jean-Rony Monestime André ---  Des récits historiques retracent la civilité de la région du nord d’entre la sphère provinciale d’Haïti. Elle détient bien des titres nobles et élogieux. C’est le fief de la lutte antiesclavagiste, le territoire sacré du Bois-Caïman, le terroir de la guerre de l’indépendance et le point de départ de l’émancipation des noirs d’Haïti.

De plus, le nord a vu naitre de grands hommes de notre histoire lointaine et récente. Il a bercé des politiques stellaires comme Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines et Henry Christophe ; des littérateurs astraux comme Jules Solime Milscent, Antenor Firmin, Demesvar Délormes, Oswald Durand ; deux orchestres légendaires: Septentrional et Tropicana ; le premier de nos sociologues: Dr. Jean-Price Mars; le premier de nos peintres: l’artiste Bas-Limbéen, Philomé Obin, pour en citer peu.  

Ce nord qui avait abrité le seul royaume d’Haïti, n’est plus ce qu’il était. Le nord apologique a disparu à travers les ans et est devenu un endroit dépouillé de sa fierté. Les ancêtres du roi Christophe perdent leur orgueil d’antan. Et pour cause, ils s’envisagent dans une lunette de démission citoyenne où la plupart se taisent dans la plus grande discrétion.  

 Le nord doit sa dégénérescence à plusieurs facteurs : les récentes turbulences politiques qui ont secoué le pays, l’égoïsme de certains chefs d’état de la décennie antérieure, l’émigration, l’absence d’une éducation régionale, mais surtout la dissipation et l’éparpillement de l’intelligentsia capoise qui, dans le temps, était le porte-étendard des valeurs de l’ancien royaume.  

Aujourd’hui, le nord est devenu un département paria. On ne parle, presque plus, de son leadership provincial ni de son instruction sélecte. On cesse de l’encenser pour ses grands manœuvriers, ses rares nationalistes et ses talentueux orateurs. D’ailleurs, le département est en train d’importer un sénateur d’un passé maculé et d’origine lointaine. C’est que des élus immondes désacralisent la renommée politique de la région.

 Le nord, qu’on louangeait pour ses « belle têtes Â», qu’on vantait pour sa beauté pittoresque, pour sa musique typique et pour ses sites historiques, se décline. On y trouve plus la fierté d’ancienne monarchie. C’est un département sans un vrai journal. Il est dépourvu de débats sérieux et sans un meneur autochtone. À cet effet, un puissant artibonitien nomme 75% des employés départementaux de l’état.

 Le nord d’aujourd’hui est une région à l’écologie dépravée,  munie d’écoles archaïques, des medias qui font de l’art pour l’art et d’une génération sans directives. Cette réalité n’augure point un futur attrayant. Ce n’est plus le nord Christophien.

 

Jean-Rony Monestime André
BA en Connaissances Générales; BS en Médecine Nucléaire
MHA-Maitrise en Healthcare; PHD-Doctorant en Science de Santé
Professeur à Seton Hall University, New Jersey
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