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Destination Brésil: La Peinture d’un Esprit Migrateur

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C’est à Cuba, en 1913, que des haïtiens ont conçu malgré eux, l’embryon de l’actuelle aventure migratoire qui devient si coutumière. Accablés par la turbulence politique qui a auguré l’occupation américaine de 1915, ces nationaux issus de la paysannerie, ont dû traverser le Canal-du-Vent pour se rendre sur la terre de José Martí. Là, ils ont dû vivre les épreuves para-esclavagistes les plus humiliantes, se soumettant à de durs labeurs et à d’impayables besognes dans les champs de canne-à-sucre de l’Orient de Cuba. Ils se sont installés particulièrement à Holguín, Birán, Santiago de Cuba et à Camaguey.

 Le consul haïtien, Jean Hibbert, originaire de Petit-Goâve, qui a été nommé plus tard par le président Louis Borno, vers 1923, pour demander des comptes, ne pouvait rien faire ; il a soigné, au contraire, ses accointances avec les plus riches de l’Orient cubain. D’ailleurs, il fut le parrain de baptême du leader révolutionnaire, Fidel Castro Ruz, fils de son bon ami agriculteur, Angel Castro. Autrement dit, les immigrants haïtiens, misérables, soupirent, sans assistance, au soleil tropical de l’ile voisine dans la plus grande abjection.

 Quand vient l’occupation, en 1915, qui coïncide avec la période florissante de l’industrie sucrière dans le monde, la demande requiert d’autres « bras Â» pour soutenir l’investissement américain dans la production du sucre en R. Dominicaine. À cet effet, des haïtiens ont été emmenés au-delà de la frontière pour se faire exploités à nouveau, dans la coupe de la canne, cette fois chez leurs voisins non lointains.

 Ainsi, cette année 2017 archive plus d’un bicentenaire d’un calvaire migratoire qui se résume du désir des puissants terrestres de produire du sucre dans la vie amère des plus vulnérables. En réalité, ni Santo Domingo ni la Havane n’ont pu assurer le destin de ces nationaux aventuriers. Leurs progénitures demeurent les plus méprisables dans ces républiques caribéennes, sauf qu’à Cuba, la Révolution Castriste de 1959, leur a octroyé l’éducation. À l’opposé, on connait le martyre des dominicains d’origine haïtienne avec le honteux arrêt 168-13 du 23 septembre 2013 qui les dénationalisent jusqu’à 1929, année de prétexte de nationalité contestable.

 La léthargie du marché du sucre change les cieux de l’émigration haïtienne, même si les décisions de départ restent immuables. Le Brésil et le Chili allaient connaitre un flux de migrants haïtiens, il y a moins d’une décennie.  Sur ces terres d’Amérique Latine, séjournent nos étudiants, artisans, écoliers, professionnels, journaliers, professeurs et autres. Venus de divers horizons, ces haïtiens se sont trompés, une nouvelle fois, d’un mythe qui apprend aux crédules que « la clémence est ailleurs Â».

 Valery Numa se charge d’en faire le décryptage. Dans son documentaire, Destination Brésil, il essaie de dire ce que des langues embauchées n’osent dire ; ce que des mains payées n’écririons pas. C’est l’arôme d’un parfum humaniste qui doit attirer les nez les moins « odorateurs ». C’est un appel à la conscience collective qui peint l’esprit migrateur de l’haïtien. Cette mentalité bicentenaire qui veut qu’on encense l’aventure quand on censure le réalisme est à découvert. Voilà un documentaire à méditer. « Destination Brésil : un tableau de notre tradition migratoire !

Jean-Rony Monestime André
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Professeur à Seton Hall University, New Jersey
BA en Connaissances Générales; BS en Médecine Nucléaire
Maitrise-MHA en Healthcare ; Doctorant en Science de la Santé\

Références :


 

  1. 1.Bridget, W. & Richard, M.-W. (2005). Les immigrants haïtiens et leurs descendants en République
  2. 2.Péan, L., (2013). Haiti-Rép.: Une responsabilité partagée dans le crime (3 de 3)
  3. 3.Pierre, Saint-P. (2013). La République Dominicaine et les émigrés haï

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