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Au festin de Gary Bodeau, le Lapin est servi comme plat de résistance

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« Le peuple Haïtien : trahi par les siens au Parlement, désabusé par son "Elite", floué dans sa sincérité et la confiance qu'il a naïvement investi dans ses (faux) dirigeants, écrasé par des gouvernements corrompus, finira par se métamorphoser et adopter des attitudes belliqueuses. Â» (Dr Eddy N. Labossiere.)

«L'Apocalypse des Bandits Légaux»

Et, le Président n'a rien compris des douleurs de la mauvaise gouvernance. Il persiste encore avec ce remaniement ministériel. Près de la moitié du gouvernement est reconduit. Quelle idiotie ! Sous la gorge de l'Etat, les mains arrogantes des Sénateurs, des Députés, des Hommes d'affaires et surtout des mains sales et criminelles d'anciens dirigeants politiques. Le gouvernement est partagé en détail avec ces gens sans scrupule. Ils sont tellement indifférents des misères qui s'abattent sur le pays ! Pour eux, c'est la politique de :"Kenbe ti sa ki nan menm lan pou rès 5 an". D'un ministère à une direction générale, ces gens font du gouvernement un cercle de voleurs autour d'une table en train de discuter ou de partager un butin. Quel est ce pays qui connaîtra la grandeur, le progrès et la stabilité avec ces "Piyajè", ces criminels complices de l'Etat ? Quelle est cette nation qui connaîtra la paix, le bonheur avec ces bandits de grand chemin qui opèrent à visière levée au plus haut niveau de l'Etat (Exécutif, Législatif et Judiciaire) ? Du vol, de l'assassinat à la dilapidation des caisses publiques, ces énergumènes agissent sans aucune crainte.

Le jour viendra, il ne reste que l'heure à déterminer, où ces abus cesseront. Où ces bandits seront traqués dans le monde entier. Ils connaîtront la rage d'un peuple affamé et dépourvu de tout. Ils seront terrassés comme de vulgaires personnages. Leurs enfants, leur femme, bref, leur famille seront humiliés par une population en furie. Ce jour sombre (l’apocalypse des bandits légaux), on craint qu'il arrive mais, on le force à venir chaque jour. Un peuple qui a résisté sans eau, sans électricité, sans santé, sans travail et même sans sécurité ; il faut croire qu'un "LOCK-ACTIF" se mijote peu à peu. Si comme toujours, entre copain vous partagez le peu de vives qu’il en reste au pays, sachez que la digestion ne sera pas facile ! Si comme vous vous plaisez à vous nommer :"BANDIT LEGAL", vous installez la peur dans les quartiers, vous apportez le deuil dans les familles, vous pillez l'Etat, sachez que l'Apocalypse des bandits à costume est proche. Â» (Yvenert Foeshter JOSEPH,  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Ces jours-ci, ils sont rares les journalistes qui nous offrent des réflexions bien élaborées alliant le conjoncturel et le structurel. Nous travaillons à temps plein, mais cela n’empêche que nous prenons du temps pour faire les délices des jeunes et de ceux qui utilisent les réseaux sociaux et les médias en ligne pour s’informer. Nous avons dépassé le stade de crise, nous sommes en plein cataclysme. Cette semaine, le fameux et tout puissant Gary Bodeau, président de la Chambre des députés est monte au créneau pour mettre des bâtons dans les roues de Jean Michel Lapin, premier ministre nomme. Quelle mouche a-t-elle piqué Gary Bodeau, le jeune loup à l’ambition démesurée de la classe politique pourrie ? Durant les négociations entre Jean-Michel Lapin, qu’est-ce qui a été dit ? Est-ce que le technicien Lapin va faire les quatre volontés des parlementaires angoisses en fin de mandat et du puissant Gary Bodeau, homme à tout faire ? Ce jourd’hui, nous voulons répondre à cette série de questions. Pour écrire ce texte, j’ai discuté avec de proches collaborateurs du premier ministre Lapin ; j’ai aussi discuté avec des parlementaires qui sont très inconfortables avec le choix du président de la République. J’ai mené un travail de terrain pour appréhender le jeu politique et d’intérêts qui se joue présentement. Tout ce que je vais avancer dans ce texte peut être vérifié et nous ne faisons que dire la vérité comme à l’accoutumée. 

Jean Michel Lapin est un jacmélien qui a une prétention d’élite, malgré ses origines modestes. Selon plusieurs proches de Mr. Lapin, il n’a pas d’ambition politique. C’est un cadre de la fonction publique qui a trente-deux années d’expérience à son actif dont plus d’une vingtaine au Ministère de la Culture. Jean Michel Lapin a décroché son Bac 2 en 1988 comme élevé du Collège Roger Anglade. Le premier ministre nommé est un technicien qui a une formation en économie (Hautes Etudes, 1992), gestion administrative (Diplôme d’Etudes Universitaires, DEU ; Université Antilles Guyane, 1993). Il a également étudié la gestion publique avec le PNUD en 1995. Mr. Lapin a une expérience patentée dans l’administration, la gestion et le financement de la culture. Mr. Lapin a gagné la confiance du Président de la République à la fin de l’année dernière quand il a lui-même pris des dispositions pour s’impliquer dans la gestion de la sécurité publique. Le défi aujourd’hui est que les députés sont en fin de mandat, ils sont angoissés. Il y a une fin de règne angoissante pour les députés et pour dix sénateurs. Ces dernières sont à la recherche de financement pour leur réélection. Et, Lapin n’est pas du genre à faire de deal, de sorte de compromission. Selon des proches du premier ministre nomme, il n’a rien à voir avec le PHTK. 

Selon un membre du cabinet de l’ex ministre de la culture, Jovenel Moise n’a pas fait de cadeau à ce dernier. Il connait le circuit du trésor public ; il est en quelque sorte, la lumière de l’équipe en place. Il y a un dilemme d’Etat. Jovenel Moise ne connait rien de la fonction publique. Il est entouré de conseillers et de collaborateurs qui sont aussi nuls que lui. Le président de la République retrouve tout en Lapin, sauf un aliéné. Jean-Michel Lapin est un rebelle, dit-on ! Un proche de Lapin le décrit comme un type qui a une grande force de caractère et qui n’est pas malléable, un professionnel honnête et compétent qui n’est pas désespéré. Le parlement est aux abois avec la chambre des députés qui part dans quelques moins ainsi qu’un tiers du Sénat. Avec le tohu-bohu entourant la confirmation de Jean-Michel Lapin comme premier ministre, c’est une bataille électorale qui démarre. Il parait que Lapin ne veut pas négocier pour permettre à ses messieurs au Bicentenaire de trouver des fonds dans les caisses de l’Etat pour organiser leur campagne. Gary Bodeau est un grand meneur de jeu au sein de la 50ème législature. Les députés qui sont proches de lui sont prêts à aller en enfer avec lui. On tend à sous-estimer la force véritable de Gary Bodeau qui est parrainé par un grand patron de la presse traditionnelle, Laurent Salvador Lamothe, Michel Martelly, une frange de l’international et une frange de la classe des affaires. Gary Bodeau est un fin négociateur qui est un expert dans la bourse politique. 

Gary Bodeau a le support inconditionnel de l’Ambassade Américaine dans ses manÅ“uvres. Gary Bodeau sait jouer sur les contradictions et est un habile manipulateur. Durant la saga des mercenaires étrangers, Gary Bodeau n’a pipé mot. Et, pourtant c’est ce dossier qui a eu raison de Jean Henry Céant qui avait qualifié les mercenaires américains de terroristes. Ce qui n’avait pas plu aux américains et qui a précipité la chute de Jean Henry 

Gary Bodeau a été utile aux autorités américaines qui n’ont pas digéré la manière dont Céant a géré le dossier des mercenaires. Les collaborateurs de Jean-Michel Lapin le présente comme un grand gestionnaire d’argent, un gestionnaire boulon qui a les moyens pour arrêter l’hémorragie économique actuelle. Si Lapin est confirmé dans son poste, il finira par cohabiter et coopérer avec Jovenel. Maintenant, il faut questionner sa vision des choses. On dit que Lapin n’est pas un corrompu et il ne fera pas le jeu des corrompus et des corrupteurs. Dans une rencontre avec le président de la Chambre des députés, le madré Lapin a laissé entendre que l’une de ses priorités est le vote du budget et d’arriver à négocier avec les autres pouvoirs pour réduire le train de vie de l’Etat, ce qui n’a pas plu à Gary Bodeau qui est loin de cautionner la politique de rigueur. 

Aux yeux de Gary Bodeau, Jean Michel Lapin est un ballon d’essai. Bodeau lui-même veut être premier ministre et il croit aussi qu’il peut éjecter Jovenel pour le remplacer. La priorité de Gary Bodeau pour le présent moment n’est pas de résoudre la crise politique, ni de réduire l’impact du désastre économique. Le jeune loup veut prendre contrôle du gouvernement de Lapin pour permettre à son clan politique d’avoir les moyens nécessaires pour participer et gagner les élections qui devraient se tenir à la fin de l’année. Jean Michel Lapin se fixe quatre objectifs primordiaux : 1- Rétablir la paix (sécurité publique), 2- Agir sur le quotidien du peuple (le manger et le boire) 3- Favoriser des réformes dans l’Administration Publique, 4- Réaliser les élections (la dimension internationale de la crise). Lapin ne peut pas et ne va pas négocier avec les parlementaires qui partent pour les aider à gagner les élections et retourner au parlement. Jean Michel Lapin s’est distingué comme Ministre de la Culture. C’est sur fond de performance que Jovenel Moise a choisi Michel Lapin pour le dédouaner, travail ardu pour ce dernier. La sécurité publique sera l’axe numéro un de la politique générale de Jean Michel Lapin. 

Gary Bodeau est un jeune loup qui est conscient de l’être qui est tiraillé par toutes les forces. Il s’avère difficile pour ce dernier de satisfaire tout le monde et aujourd’hui, il se recherche et il est fragilisé. Gary Bodeau est tiraillé par trop de forces contradictoires ; il a l’angoisse personnelle de perdre le pouvoir. Gary Bodeau est face à son destin aujourd’hui. Jean Michel Lapin a deux alternatives : 1- soit il démissionne, 2- soit il affronte la bande à Gary Bodeau. Je ne crois pas que Jovenel Moise va mettre des moyens à la disposition de Jean Michel Lapin pour le permettre de réussir. Il n’est pas dans l’intérêt des bandits légaux de prendre des mesures rigoureuses pour réduire le train de vie de l’Etat et de mettre en place une politique fiscale viable. Lapin ne finira pas comme Lafontant et Céant parcequ’il a une personnalité forte et veut clôturer sa carrière en beauté. Il ne faut pas oublier que Lapin n’est pas un homme politique. On avance que Jean Michel Lapin est le protégé de Joseph Lambert, mais est-ce que le premier ministre nommé va pouvoir se démarquer du sénateur du Sud-Est qui se veut être un animal politique ? L’angoisse de Bodeau est l’angoisse du collectif des députés qui n’ont presque rien réalisé durant leur mandat, qui ont fait leur beurre et qui ont peur de perdre leurs privilèges. Jovenel Moise n’inspire plus confiance et n’a pas le leadership nécessaire pour diriger le pays. Il n’a pas le choix que de choisir un technicien comme Michel Lapin, un électron libre qui avec ces 32 ans d’expérience dans l’Administration Publique peut faire le grand coup de balai tant attendu. 

Jean Michel Lapin peut avoir toutes les bonnes volontés et toute la détermination de réussir, mais si les acteurs qui sont en conflits n’acceptent pas de dialoguer, le premier ministre nommé qui sera peut-être confirmé ne pourra pas faire appliquer sa politique générale, s’il a la clairvoyance d’élaborer une qui soit viable. Tout le conflit se résume aujourd’hui à un groupe d’adversaires politiques et économiques qui veulent avoir à eux seuls le contrôle de l’appareil politique pour faire de l’argent. A travers Gary Bodeau qui donne du fil à retordre, c’est toute l’élite qui doit donner une chance au pays. Gary rentre dans une logique globale d’élite prédatrice. Abattre Gary Bodeau ne résoudra pas le problème puisque cinquante autres émergeront. Le mieux c’est de l’exposer au grand jour et de suivre ses actions à la loupe. Il est dit : sòt ki bay, enbesil ki pa pran. Le puissant président de la Chambre Basse réalise qu’à chaque période donnée, les ténors du système offrent la possibilité à quelques hommes de la classe moyenne et du bas peuple de faire fortune, alors il ne se fait pas prier, il s’invite lui-même pour faire fortune. Il se révèle être un joueur habile qui est excellent dans le marchandage politique. Gary Bodeau n’est pas une exception à la règle.. C’est peut-être l’image du jeune typique haitien qui n’a plus espoir dans l’avenir et le devenir du pays et qui ne rêve qu’à s’assurer une certaine stabilité financière et s’adhérer à la mafia locale.   

Gary Bodeau est en train de jouer sa dernière carte au parlement. Il a la chance de redorer son blason, mais est-il animé d’une grandeur d’âme pour comprendre qu’il peut aider à chambarder ce système « peze souse Â» et changer de régime politique ? Le débat et le vote sur les trente propositions présentées par la Commission Tardieu seront le plus grand test du leadership de Gary Bodeau et sa bonne foi. Gary Bodeau veut et est en train de travailler pour devenir président de la République. Mon message à Gary Bodeau aujourd’hui : A quoi sert-il d’être influent sur la scène politique quand on ne peut pas utiliser son influence et son leadership pour projeter une lueur nouvelle et favoriser de bonnes pratiques dans l’exercice du pouvoir et renforcer, remembrer l’Etat qui n’existe pas ? Il ne suffit pas d’être chef pour s’enorgueillir. Il faut être chef pour faire la différence, donner espoir et transformer. Le bluff doit cesser d’être un élément de stratégie politique en Haiti. Quand des jeunes comme Gary Bodeau qui a pu franchir des barrières structurelles et se positionner sur le terrain politique n’arrivent pas à influencer d’autres jeunes positivement et les porter à être de vrais acteurs qui peuvent contribuer à la construction du pays, on est en droit de se demander si la jeunesse arrivera à s’élever au-dessus du lôt et des clivages pour faire les révolutions culturelle, économique, politique et sociale qui s’imposent pour mettre Haiti sur les rails de la modernité et du progrès. Mon compatriote Gary, tu as amassé de quoi pour vivre bien pendant des décennies. Donne une chance à ce pays pour que la stabilité revienne. Entend le cri de l’économiste Labossière et du journaliste Yvenert, bay peyi a yon chans. Cesser le marchandage politique. Je ne suis pas interesse à la formation d’un gouvernement quelconque. Tout simplement, je te demande de donner une chance à ce pays qui s’écroule et à ce peuple qui est à bout de souffle. Tu peux faire mieux. Cesse d’être l’homme paille des grands corrupteurs de ce pays. 

Kerlens Tilus   05/10/2019
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