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Haiti-Observateur Enquête : Laurent Lamothe et Global Voice artisans de la déchéance de la Teleco ancienne compagnie nationale de télécommunication

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LA TÉLÉCO VICTIME DE LA CORRUPTION INTERNATIONALE
La Global Voice et alliés dans l'échec de la compagnie d'État

Par Léo Joseph

Source quasiment intarissable de devises sous le régime de Jean-Claude Duvalier, la Téléco a vu son potentiel diminuer progressivement, particulièrement sous Aristide II et Préval I, pour finir entre les mains d'investisseurs vietnamiens(Vietel), que certains assimilent à une couverture pour la mafia russe.


À la lumière des faits, l'entreprise d'État des télécommunications d'Haïti a été victime de la corruption internationale. L'un des principaux acteurs de cette opération reste la Global Voice, dont le principal propriétaire, Laurent Lamothe, a expérimenté son art dans le continent africain.

Introduit auprès des décideurs africains par Franck Ciné, le propriétaire de la première compagnie de téléphone cellulaire authentiquement haïtienne, aujourd'hui en passe de devenir la victime de Lamothe agissant pour le compte du gouvernement Marthelly, celui-là a fini par trouver des interlocuteurs accommodants au sein des gouvernements où il a pu implanter la Global Voice Group (GVG). Toutefois, la grande majorité des contrats signés entre la GVG et les pays d'Afrique ont été cassés prématurément, suite aux failles relevés dans les accords.

La principale cause de la résiliation de contrats signés avec les États africains réside dans le fait que les promesses faites à ces gouvernements sont c elles de récupération d'argent facile et sur le court terme. Quand des ministres et conseilleurs de présidents et de chefs de gouvernement de la majorité des États africains, où le salaire annuel légal de ces hauts fonctionnaires ne dépasse pas USD 5 à 8 millions l'an, s'entendent promettre la rondelette somme d'USD 10 millions $ ou 20 millions en cinq ans ,il est quasiment impossible pour eux de résister. Dans le manuel où s'étale la stratégie de développement de Global Voice Group, il est clairement indiqué que « 30 % » des recettes de la compagnie dans un quelconque pays sont assignés comme « paiements en-dessous-de-table » à ceux qui ont l'autorité de faire agréer, et éventuellement, de signer le contrat.

C'est grâce à cette formule que la Global Voice a pu séduire nombre de dirigeants africains, mais dont les décisions n'ont pas fait l'unanimité. Le processus d'implantation de la compagnie de Laurent Lamothe dans les pays africains fait suite à des négociations menées la plupart du temps par une longue liste d'intermédiaires, hommes et femmes, ayant leurs entrées aux palais des chefs ou agissant en tant que courtiers pour les leaders de ces pays.

Un tel procédé évite aux propriétaires de la Global Voice d'effectuer de gros investissements dans les pays où cette compagnie est engagée pour prêter ses services. De prime abord, Global Voice était venue en tant que carrier, agissant en prestataire de services dans des télécommunications. Achetant par gros volumes les communications téléphoniques, la compagnie de Lamothe transformait ceux-ci en «cartes de crédit » qui sont vendues surtout dans les milieux d'immigrés.

Les secteurs opposés aux activités de Global Voice dans les pays africains critiquent ses méthodes. Ceux qui maugréent sous cape s'insurgent contre Lamothe qu'ils accusent de recourir aux «méthodes de la mafia » pour envahir le marché africain. D'une voix quasi générale, les autres sociétés de télécommunications, qui cherchent également à s'introduire sur le marché africain, critiquent Laurent Lamothe avec véhémence en faisant valoir que« Au lieu d'acheter une licence et de se battre loyalement dans ce secteur concurrentiel, sa stratégie a consisté à aller directement vers les gouvernants, leur dire qu'il y a beaucoup d'argent qui est partagé entre les opérateurs sur le trafic international et leur proposer de récupérer une partie de cet argent »


Le contrat proposé aux pays porte sur le contrôle du trafic et la surveillance contre la fraude

Le contrat offert aux pays africains consiste à assister ces États dans le contrôle de son trafic d'interconnexion local et international entrant et sortant. De même que les services suivants : commercialisation du trafic international, fourniture, installation et mise en opération d'un nouveau switch devant servir de gateway pour les transporteurs internationaux, les opérateurs locaux et les PABX d'entreprise. La lutte contre la fraude constitue un service dont les responsables de la Global Voice font la promotion auprès des autorités africaines, mais que les critiques de cette compagnie qualifient de « fraude». Car, racontent-ils, les propriétaires de Global Voice n'ont pas réellement offert ce service, puisque ne disposant pas d'équipement préposé à cette fin.

Les milieux proches des syndicats, particulièrement ceux du Sénégal, ont fait remarquer que les solutions proposées par la Global Voice n'ont pas produit les effets escomptés dans des pays où des contrats signés avec l'entreprise de Laurent Lamothe ont été annulés. Les États comme la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Gabon et le Congo ont été cités comme ayant mis fin à leurs relations avec la Global Voice avant l'échéance des contrats.

Une concurrente victime de Global Voice au Rwanda

Indéniablement, chaque fois que la Global Voice passe un contrat avec un pays africain, une concurrente est mise à l'écart au profit de la compagnie de Laurent Lamothe. La dernière victime en date de celui-ci est la N-Soft, qui a son siège social à Paris, France.

Roger Zini, président de NSoft et co-fondateur de la compagnie, qui a commencé ses opérations en avril 1987, a fait les mêmes observations concernant la Global Voice que les criques africaines de cette compagnie. M.Zini s'insurge contre ce concurrent parce que précisément, explique-t-il, les méthodes qu'il utilise sont tout à fait contraires à la déontologie des affaires

Roger Zini affirme à Haiti-Observateur que N-Soft s'était vu octroyer un contrat parle gouvernement du Rwanda et qu'il était sur le point d'entrer dans la phase finale lorsqu'il a reçu correspondance indiquant que sa compagnie était victime d'un croc en jambe infligé par Laurent Lamothe.

Une lettre qui porte bonheur, une autre qui tue l'espoir

De toute évidence, la lettre en date du 12 janvier 2012, en provenance du Rwanda, avait porté bonheur pour M. Zini dont la compagnie avait mené de longues négociations avec la «Rwanda Utilities Regulatory Agence (RURA) ». Dans ce document signé du directeur général de l'institution rwandaise, le major François Régis Gatarayiha, informe la N-Soft que« suite à l'étude technique de votre soumission en vue de la mise en train d'une solution intégrée en vue de l'établissement d'un système de vérification de trafic international entrant (IGTVS), votre soumission a été agréée, pour le score de 80 % ». Les responsables de la N-Soft ont donc été invités à contacter la RURA pour les suites nécessaires.

Deux mois après la réception de la lettre porteuse de la bonne nouvelle pour la compagnie de Roger Zini, une autre envoyée par le même expéditeur est venue apporter la déception chez N-Soft. C'était bien une lettre qui tue l'espoir. Cette communication datée du 12 mars 2012 informait que d'autres raisons techniques avaient provoqué un revirement chez les autorités. Ces dernières ont décidé de renoncer à l'idée de signer le contrat avec la N-Soft en faveur de la Global Voice Group, qui a un « score de92,2 % ».

Dans la mesure où Laurent Lamothe suit la même stratégie qu'il amenée dans les autres pays africains, il faut attendre la réaction des milieux intéressés de ce dernier État, quand ils auront finalement compris la manière dont la Global Voice fait les affaires.
Dans la prochaine édition, l'expérience Global Voice Group en Afrique refaite en Haïti et l'habileté de Laurent Lamothe d'entrer en partenariat avec d'autres compagnies afin que la Global Voice puisse rester en retrait dans les pays où sa présence serait mise en cause.

Haiti-Observateur

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