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Haiti: Le Syndrome du Chien Couchant (3 de 6)

chien couchant 3

Par Alin Louis Hall -- Le rôle de l’environnement immédiat dans le développement de la schizophrénie, a toujours été difficile à cerner. A propos de l’abaissement des caractères provoqué par le colonialisme, le baron de Vastey écrivit en 1814 : « Ces maîtres cruels et barbares vivaient au milieu de nous dans la plus parfaite sécurité ; un seul blanc, dans les montagnes les plus reculées, dans les milieux de forêts, gouvernait, torturait cent noirs suivant ses caprices, sans craindre les révoltes, tandis que nous pouvions assommer ces tyrans à coups de houes ; mais les chaînes de la servitude nous empêchaient de lever la tête au-dessus de notre déplorable situation.» (1) Il s’agit ici de reconnaitre la modification de la conscience où l’imaginaire prend le dessus avec la possibilité de transformer un contexte négatif en quelque chose de positif.

Pour l’africain transplanté, la traversée et l’enfer colonial ne firent qu’augmenter les conditions de vulnérabilité biologique à développer une psychopathologie propre. Une carence affective pourrait aussi bien faire partie des facteurs influençant, plus tard, le déclenchement de certains symptômes. Quels que soient leurs manifestations il s’en suivit une altération de leur façon de penser avec beaucoup de difficultés à contrôler leurs émotions et à prendre des décisions. Dans certains cas, la psychose fut de loin la plus répandue. La période d´assimilation forcée était jonchée de manifestations psychotiques délirantes aiguës pendant les premiers mois suivant la transplantation. Avec la pressante et contraignante nécessité des ajustements, le pragmatisme amplifiait les problèmes conflictuels, fragilisait et faisait sombrer les plus faibles. Un tableau d’une récurrence troublante.

La psychopathologie du chien couchant

Dans « Le syndrome du cerveau lent», j’attirais l’attention sur une catégorie d’hommes et femmes de ce pays qui entonnent chaque matin l’hymne à l’anti-héroïsme :

Pour le statu quo, bêchons joyeux
Pour les coteries, mourir est beau
Dans la déresponsabilisation, point de traitres
Pour le pays, formons des cerveaux lents 
De l’incohérence soyons seuls maitres.

A partir d’une réflexion pertinente et introspective, il convient d’élargir notre champ de vision pour écarter toute confusion. En effet, on est en plein droit de se demander si le comédien français Coluche ne s’adressait pas directement aux Haïtiens quand il eut à dire qu’à « la chambre des députés, la moitié sont bons à rien. Les autres sont prêts à tout. » « Auguste Assemblée où on parle de tout, de rien et, le plus souvent, de rien du tout. De l’ordre républicain et du développement durable, il n’a jamais été question. Les métiers dits sales comme éboueurs ou égoutiers semblent contribuer plus à la propreté que les professions de prestige communément appelés les hauts responsables politiques, où l’on trouve le plus d’ordures. En quoi sont-ils honorables ? En quoi excellent-ils ? Â» (2)

A propos de notre déchéance, le réveil des consciences aurait du provoquer une argumentation habile et sensible pour nous mettre dans les meilleures dispositions mentales pour faire face à ce constat douloureux. «Haïti est un pays d’exceptions ou d’échantillons. Accidentellement naissent des titans comme Jean-Jacques Acaau, Edmond Paul, Joseph Anténor Firmin, Rosalvo Bobo ou Charlemagne Péralte. Une vraie machine à fabriquer les Yayou, qui poignarde le cadavre du Fondateur au Pont-rouge ; à cloner les Jules Coicou (en réalité Jules Alexis) qui dénonce ses frères Massillon, Horace et Pierre-Louis Coicou et plus d’une vingtaine d’intellectuels en 1908 parce qu’ils avaient tout fait pour sauver la vie d’Anténor Firmin ; et à reproduire les Jean-Baptiste Conzé, qui trahit Péralte. Â»(3)  Comment stopper l’hégémonie des chiens couchants pour articuler une réponse ?

Depuis l’intronisation du demi-voyou comme un demi-dieu, on a constaté l’émergence du serviteur de l’idéal nihiliste (SIN) et le « volontaire de la servitude nihiliste (VSN). Pour reprendre Leslie Péan, « l’ivresse du pouvoir à prendre se répand de manière insidieuse » jusqu'à faire du SIN le personnage central de la société haïtienne. Ondoyant et divers, il peut aller même jusqu'à dénoncer le mal mais jamais le coupable. Pour maintenir un état permanent de déresponsabilisation collective. Cet antihéros déteste le changement et est de toutes les coalitions réactionnaires. Au service du plus offrant. Le SIN a une idée très élevée de sa propre importance. Il pense devoir être reconnu comme supérieur même sans en avoir fait la preuve. Il fantasme sur des idées de succès illimité, de pouvoir ou de splendeur. Il se juge unique et estime ne pouvoir être compris que par des personnes comme lui, spéciales et de haut niveau. S'estimant quelqu'un d’extraordinaire, il juge qu'on lui doit un traitement particulièrement favorable et ses désirs doivent être automatiquement satisfaits. Il manque d'empathie et a une vision utilitaire des autres. Il les exploite, les utilise pour parvenir à ses fins. Il ne s'intéresse pas, ne reconnaît pas les sentiments ni les besoins d'autrui. Arrogant et hautain, il sort toutes sortes de conditions et évoque toutes sortes de prétextes pour ne pas s’asseoir avec un adversaire politique. Cependant, c'est avec sourire, empressement et beaucoup de respect qu’il accueille les nouveaux Commissaires Civils et convient de décider avec eux de l’avenir du pays. Incapable de se projeter dans le futur, le chien couchant s’immobilise dans le présent. Pour combler son déficit d’homme d’état, il est le type le plus achevé du rétrograde capable de toutes les alliances pour compenser son « déficit d’être Â» et son insécurité financière. Lorsqu’il prétend qu’il ne vit pas de « zins Â», c’est justement parce qu’il vit essentiellement de « zins Â». Ses informations et nouvelles sont toujours bien estampillées « vant bèf Â». De première main du ventre pourri de la bête. Sur les réseaux sociaux comme au bureau, avec le voisin ou l’inconnu, il affiche le même comportement. Les mêmes réflexes de la plantation pour pérenniser la mentalité d’esclave. Le chien couchant ne se reconnait que dans l’arbitraire colonial. Son modèle et cadre de référence.

Le vase communicant de la transe

Les historiens, sociologues et anthropologues haïtiens et tous ceux que la question intéresse devraient faire appel aux généticiens pour explorer davantage l’impact de la traite et de l’esclavage sur la modification de notre ADN, in extenso notre indolence. Nous reviendrons sur cette question fondamentale. En temps et lieu.

Revenons à nos moutons pour dire que certains facteurs étiologiques apparaissaient plutôt liés aux difficultés d’insertion dans le milieu d´accueil soit à cause de l’isolement soit à cause du dépaysement. L’état dépressif anxieux était également un cas clinique fréquent avec la thématique délirante centrée, avec raison, sur le sentiment d´hostilité de l´entourage et dominée par la persécution. Dans un contexte aussi déshumanisant, le délire prenait plusieurs formes. Soit la persécution, la mégalomanie, le mysticisme et, dans beaucoup de cas, la transe comme échappatoire et mécanisme compensatoire. Phénomène scientifique relevant aussi de l’ethnopsychiatrie, la transe trouve donc son origine dans la volonté pour les hommes de transcender leurs souffrances physiques mais aussi morales par le passage d’une réalité existentielle ordinaire à une dimension immatérielle. En dépit des conditions extrêmes auxquelles les Africains «esclavagisés» étaient soumis, ceux-ci trouvaient une forme de résilience dans la danse et l’hommage à leurs dieux à travers de nombreux chants du Vodou. Aussi, s’explique-t-on ainsi les racines de l´éthylisme devenu depuis un catalyseur de désirabilité sociale jusqu'à conférer aux disciples de Bacchus un statut de respectabilité acceptable. Après les souffrances d’une journée de travail sous un soleil de plomb, la transe servait de vase communicant entre le besoin physiologique d’une revalorisation du corps et la nécessité du dépassement de ses limites spirituelles pour se donner une forme d’invincibilité pour affronter l’enfer colonial. La chair étant faible, il faut la brimer, la flageller et pousser le corps au de-là de ses limites. C’est donc un rituel très familier de régénération que les catholiques appellent « charismatiques ». Selon la spiritualité chrétienne et l’Islam, le martyre serait le plus sûr chemin vers la sainteté. On retrouve également le phénomène de la transe au Gabon avec l’ « iboga », au Maroc avec les confréries « gnawas », en Algérie avec les « Aissawas », au Bénin et en Haïti avec le Vodou, en Europe centrale avec le chamanisme et en Asie avec le culte des mères ou lamas spécialistes de la communication avec le monde invisible. Elles sont donc diverses, profondes et nombreuses les raisons derrière la thérapie de la transe : relaxation pour combattre le stress, recherche de plénitude et recentrage de l’esprit du transplanté, sensation de confort physique, d’euphorie et de plaisir. Mais, il est temps de recentrer ce débat à travers un vrai travail d’investigation pour restituer le phénomène dans son contexte d’origine et stopper l’hégémonie des contrebandiers de l’imaginaire. Nous n’avons pas d’autre choix que celui d’abandonner notre fourberie à laquelle s’abreuve notre insatiable criminalité. Aussi longtemps que la décantation de notre imaginaire collectif sera entravée, le transitoire continuera à triompher sur le permanent et retiendra la modernité en otage. «Dans l’organisation de la société que nous devons bâtir, l’éthique et le scientifique doivent ensemble éclairer les choix de citoyens actifs et engagés dans les réalités du quotidien. Â» (4)

Le vécu détermine le psychosocial. Le vécu peut être considéré comme l'auto perception ou l'image de soi. C'est donc la situation éprouvée par une personne par rapport à son passé, son présent et la façon dont elle se projette dans l'avenir. Le psychosocial désigne une corrélation indissociable entre la vie personnelle et la réalité sociale. Face à la perte du sentiment d’être soi-même, le salut prenait souvent la forme de fuite en avant. Pour échapper à l’enfer colonial, Jean Kina décida de s’abandonner à l’ivresse du pouvoir en s’autoproclamant « Colonel des Africains sous les ordres du Roi ». A cet effet, il faut revenir sur plusieurs de ses correspondances adressées aux républicains de la région de Tiburon afin de les gagner à la cause royaliste, raciste, coloniale et esclavagiste. Ses lettres lèvent sans aucun doute le voile sur l’aliénation née de l’esclavage. A Jean-Pierre Dumont qui avait déjà commandé sous ses ordres, il écrivit : « Les commissaires et Rigaud ne veulent que notre destruction et votre ruine. Je t’ai toujours regardé comme un fils. Tu trouveras toujours ta compagnie à commander. Le meilleur parti est de vaincre ou mourir pour un Roy. » A Tattayt, il adressa les reproches suivantes : « Tu ne m’as jamais fait confiance. Souviens-toi comme tu étais mille fois plus heureux quand tu avais un Roy; personne ne te chagrinait; personne ne te disait rien. Tu allait (sic), tu venait ou bon te semblait. Tu ne prenait un fusil que pour aller à la chasse, au contraire qu’au présent tu est obligé (sic) d’en avoir continuellement, et pourquoi? Pour détruire des hommes comme toi ou pour te faire détruire. » Au commandant Tureau, il écrivit : « L’erreur qui aveugle aujourd’hui grand-nombre de Noirs qui croyent à la liberté, enfants de la cupidité et du fanatisme «polvérisé Â».(5) Contribuez au moyen de réduire cette classe d’hommes sans laquelle nous ne pouvons rien dans cette isle infortunée. Je n’ai jamais approuvé la conduite qu’on a tenu envers vos frères, lorsqu’ils se rendirent au camp des Irois dans de bonnes intentions. Je ne suis cruel que les armes à la main. » Kina parlait apparemment des atrocités commises par les planteurs envers leurs prisonniers. Et aux Africains «esclavagisés» eux-mêmes : « Malheureux esclaves! L’on vous a amusé du beau nom de Libre, lorsqu’il n’est qu’illusoire. C’est en remplissant vos devoirs envers vos maîtres que vous le deviendrez. » Pour mesurer l’ascendance de Kina, il n’y a pas mieux que la réponse d’Elizabeth Gason, femme de couleur, qui écrit à ses frères : « Jean Kina nous sert de père à tous. » (6)

Au début de février 1794, de nouvelles troupes britanniques débarquèrent à Tiburon. Le mois suivant, l’armée du général républicain Rigaud revint en force pour reprendre la ville. Au cours d’une bataille acharnée, Rigaud et ses troupes firent sauter la poudrière du fort, et ce ne fut qu’une sortie hardie par la troupe de Jean Kina qui à la onzième heure gagna la journée. (7) Kina fut de nouveau blessé et ses hommes en étaient si fâchés qu’ils forcèrent leurs prisonniers, avant de les tuer, à lécher les blessures de leur chef. « Le roi n’a pas de meilleur ami, » écrivit en juillet le colonel Whitelocke, « que Jean Kina dont l’attachement à la royauté est aussi frappant que l’honneur et l’intégrité. » (8)

Cependant, en décembre de la même année, la troupe de Kina fut décimée quand les républicains assiégèrent le fort avec 300 hommes. Sans répit, l’artillerie d’André Rigaud le bombarda pendant quatre journées. Lorsqu’une bombe éclata dans le fossé où s’accroupissaient les hommes de Kina, pris de panique, ils abandonnèrent le fort et se refugièrent dans les montagnes avoisinantes. En fuyant, ils tombèrent dans la région des Irois sur une embuscade dressée par la bande de Gilles Bénech. 300 des 450 hommes de Kina furent tués. De tous les désastres militaires dont souffriront les Anglais pendant les cinq années de l’occupation, ce fut peut-être le pire. (9)

« Pendant les années 1795-98, des milliers de noirs dominguois allaient devenir des défenseurs armés et loyaux du régime esclavagiste. Ce n’est pas un phénomène rare dans les sociétés coloniales. L’argent, l’estomac plein et le prestige de l’uniforme jusqu’à un certain point constituaient des attraits irrésistibles motivant pour recruter des soldats. Cependant, pour des esclaves au bas de la hiérarchie de la plantation, l’appel était significativement plus attrayant : 300 grammes de viande chaque jour, fraîche parfois, la ration d’un soldat, représentaient une amélioration substantielle du commun, et des gages de 6 pence, plus tard de 8 pence étaient une richesse relative en plus. L’uniforme aussi, pour des hommes qui normalement allaient nus six jours sur sept, et qui en outre s’endimanchaient le septième, devait avoir un attrait singulier. Bien plus, le passage des pieds nus aux chaussures était lui-même chargé de symbolisme. Car, avant tout, le service militaire signifiait la liberté, une libération immédiate de la plantation, et éventuellement au bout le statut d’homme libre. Et bien mieux, tout cela était garanti non par les autorités balbutiantes et obscures de la Révolution, mais par un roi et des planteurs. Etant les sources traditionnelles du pouvoir dans le monde colonial, ils donnaient l’image d’une certaine sécurité alliée à une idéologie de la légitimité et de la hiérarchie fort compréhensibles qui s’exprimait comme d’habitude au travers des médailles, des cérémonies et des drapeaux. Par la remise de médailles à leurs esclaves, les planteurs montraient depuis 1792 une générosité peu habituelle, et la tunique écarlate n’était pas bien sûr uniquement un vêtement flamboyant, mais aussi l’habit du roi. Â» (10)

Chaque régiment des noirs, y compris celui de Jean Kina, avait son propre aumônier qui était non seulement chargé de leur inspirer l’amour de la religion, mais aussi de terminer chaque prière par trois cris de « Vive le Roy » et chaque service dominical avec « Dieu garde sauf le Roi », l’hymne national britannique. Attirés par les possibilités de la vie militaire et peut-être aussi par l’idéologie qui l’accompagnait, la plupart des Chasseurs noirs étaient des Africains. La majorité avait probablement été élevée dans les sociétés monarchiques. Tous portaient des vestons rouges, des pantalons de grosse toile et un chapeau rond garni d’un panache. Les hommes de troupe étaient armés d’un mousquet et d’une machette. Dans une lettre au roi George III, Kina se désigna « le 1er nègre dévoué à votre Gouvernement en cette isle ». Sa signature grosse et maladroite s'accompagne de ces titres : « Colonel Commandant des Chasseurs de George III, Guerrier de la Montagne à Saint-Domingue ». (11)

(à suivre)

Références :

(1) Valentin Pompée de Vastey, Le système colonial dévoilé, Cap-Henry, Chez P. Roux, Imprimeur du Roi, octobre 1814, p. 73.

(2) Alin Louis Hall,«Le syndrome du cerveau lent (1 de 2)», publié le 21 mars 2016, www.lenouvelliste.com

(3) Alin Louis Hall, «Le syndrome du cerveau lent (2 de 2) Â», publié le 22 mars 2016, www.lenouvelliste.com

(4) Alin Louis Hall, « Une talibanisation en douceur Â», publié le 22 décembre 2015, www.lenouvelliste.com

(5) Jeu de mots sur le nom d'Etienne Polvérel, le Commissaire Civil dans le Sud qui, avec son collègue Sonthonax, avait déclaré l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue. David Patrick Geggus, « Du Charpentier au Colonel: Jean Kina et la révolution de Saint-Domingue Â», http://www.agh.qc.ca/articles/?id=6

(6) David Patrick Geggus, « Du Charpentier au Colonel: Jean Kina et la révolution de Saint-Domingue Â», http://www.agh.qc.ca/articles/?id=6

(7) Venault de Charmilly, Lettre à M. Bryan Edwards, (London, 1797), pp. 145-7, cité dans « Du Charpentier au Colonel: Jean Kina et la révolution de Saint-Domingue Â», David Patrick Geggus, http://www.agh.qc.ca/articles/?id=6

(8) Adolphe. Cabon, Histoire d'Haïti, (si, sd), vol. 3 p. 164

(9) David Patrick Geggus, Slavery, War and Revolution: The British Occupation of Saint Dominque, 1793-1798, pp. 153-154

(10) Bibliothèque Nationale, Manuscrits, Paris, Papiers Etienne Laveaux; vol. 2, lettre de Jean-François, 11 juin 1795. Cité dans « Du Charpentier au Colonel: Jean Kina et la révolution de Saint-Domingue Â», David Patrick Geggus, http://www.agh.qc.ca/articles/?id=6

(11) David Patrick Geggus, « Du Charpentier au Colonel: Jean Kina et la révolution de Saint-Domingue Â», http://www.agh.qc.ca/articles/?id=6