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Haiti-Observateur Enquête: Saga Africaine de Lamothe, sa stratégie se repose exclusivement sur la corruption des officiels
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LA TÉLÉCO VICTIME DE LA CORRUPTION INTERNATIONALE
La Global Voice et alliés dansl'échec de la compagnie d'État(Suite)
Par Leo Joseph
L'enquête menée par Haïti Observateur (et qui est toujours en cours) sur les causes de la déchéance de la Téléco et le rôle joué par la firme Global Voice Group (GVG), comme on a commencé à le voir, nous a conduit sur le continent africain considéré comme « terrain d'essai » de Laurent Salvador Lamothe. Car la manière dont ce dernier y a conduit les affaires avec les États africains sera répétée textuellement en Haïti. Bien que la compagnie de téléphone nationale d'Haïti soit victime des mauvais agissements de Lamothe, de ses alliés et associés, nous allons séjourner encore loin du pays afin d'exposer, dans toutes ses dimensions, le vaste complot monté contre ces États avec la complicité des autorités de ces pays, au détriment des peuples africains, des fonctionnaires et ouvriers des sociétés de téléphonie publiques. Sans négliger les consommateurs, principales victimes des tarifs imposés par les opérateurs étrangers en mal de récupérer le manque à gagner occasionné par les augmentations suscitées par l'implantation de cette compagnie prédatrice.
Dans la précédente édition (7-15 octobre 2012) a été révélé comment la Global Voice Group avait réussi à arracher un contrat de la République du Rwanda, à la barbe d'une société rivale dont l'offre a été rejetée au profit de la compagnie de Laurent Lamothe, bien que le coût du contrat proposé par la firme rivale, la N-Soft, soit deux fois moins élevé que celui de M. Lamothe.
La demande d'information repoussée par l'autorité compétente du Rwanda
Dans le cadre de l'enquête sur les activités de la Global Voice Group en Afrique et le processus selon lequel les contrats sont attribués par le Rwanda, une demande d'information a été faite auprès du major François Régis Gatarayiha, directeur général du « Rwanda Utilities Regulatory Agence(RURA) ». Dans le courrier électronique adressée au militaire rwandais par l'auteur, via e-mail, a été posée la question lui demandant de préciser les motifs ayant porté l'institution qu'il dirige à « privilégier » la soumission de la Globale Voice, bien que le coût de celle-ci soit plus de deux fois supérieur à celui de la N-Soft, une compagnie basée à Paris, en France.
Dans sa réponse expédiée également à l'adresse électronique d'H-O, le bon major apiqué une colère, déclarant que le coût d'un contrat n'était pas l'unique facteur pris en considération dans le processus du passage de marché. De surcroît, il a accusé son correspondent de « porter jugement » injustement contre la décision de la RURA. Repoussant sans autre forme de procès cette demande d'information, François Régis Gatarayiha a comme claqué violemment la porte en concluant : « De toute manière, je n'ai point de compte à vous rendre ».
Sans désemparer, Léo Joseph a adressé une réplique au major peu accommodant— et pour cause — qu'il n'avait aucune intention de «porter jugement », dans un sens ou dans l'autre, et qu'il était ouvert aux explications qu'il avait souhaité obtenir. L'auteur a exprimé le regret que le directeur général de la RURA ait ainsi pris la mouche.
Léo Joseph mène cette enquête en collaboration avec des partenaires journalistes de média plus puissants qu'Haïti-Observateur. Selon le protocole d'accord en vigueur entre H-O et les collègues de ces organisations, les informations recueillies dans le cadre de l'enquête sont partagées librement et sans égoïsme. Cela signifierait que François Régis Gatarayiha est loin d'être au bout de ses tourments avec les journalistes fouineurs.
Qu'il soit dit, en passant, qu'en dépit de son impolitesse, le major rwandais ne s'est pas ravalé au niveau de Laurent Lamothe, qui a tout bonnement ignoré la demande d'explication sollicitées, encore par Léo Joseph, par le biais des deux adresses électroniques où il était possible de rejoindre le Premier ministre haïtien jusqu'à l'occasion du premier voyage de Martelly au siège des Nations, à New York.
Global Voice Groupe en Guinée, même stratégie, même victime
Au cours de ses pérégrinations en Afrique, colportant les expertises de la Global Voice Group auprès des puissants présidents, Premier ministres et ministres, sans oublier les responsables des sociétés régulatrices des télécommunications, et dont l'influence sur les décideurs n'est pas à minimiser, Laurent Lamothe a croisé de nombreux représentants de sociétés rivales de la GVG sur le terrain en Afrique. La présence de ces deux catégories d'homme sur cette terre suscite toujours une véritable « guerre » de présentations, qui se termine indubitablement en faveur de Laurent Lamothe et sa compagnie.
En effet, après avoir été victime de la Global Voice Group au Rwanda, en mars 20112, Roger Zini, le directeur président général de N-Soft, s'est retrouvé, encore nez à nez avec Lamothe à Conakry, capitale de la Guinée, pour tenter d'y gagner ce que l'homme de la Global Voice lui a ravi au Rwanda.
En vertu du contrat proposé par la Global Voice Group agréé par le « ministère de Télécommunications et des nouvelles technologies de l'information de Guinée», l'entreprise de contrôle de l'industrie de télécommunications dans ce pays, l'accord se fait sur la base suivante : la compagnie de Laurent Lamothe « assure le contrôle de 40 millions de minutes par mois ».La prestation de GVG assure à Lamothe et à ses associés« 7 cents U.S. sur 12 cents par minute de communications internationales entrantes ». Soit 58 %de taxes qui donnent USD 2,8millions $ par mois, ou USD 33,6millions par an ou 58 %.
En revanche, le contrat prévoit un pourcentage de 42 % des taxes pour la République de Guinée ou USD 2 millions $. Soit un total annuel d'USD 24 millions $ pour le gouvernement guinéen.
Ici encore, le coût du contrat de la Global Voice est de loin supérieur à celui de N-Soft
Dans la présentation des services offerts par N-Soft, Roger Zini explique, dans une lettre en date de janvier, que « En se greffant en parallèle sur les inter connexions surveillées, la solution proposée par N-SOFT fonctionne en mode non-intrusif. Ce type de monitoring est dit passif et n'induit aucune dégradation de service sur les réseaux des opérateurs. De plus, N-Soft gère aussi bien le trafic Voix sur IP que le trafic SS7 alors que Global Voice/System One ne gère que le protocole SS7 ». La lettre de la N-Soft termine ainsi :
« Ces qualités couplées au fait que N-Soft est un équipementier télécom, nous laisse penser que notre solution correspond scrupuleusement aux besoins de la République de Guinée.
N-SOFT n'est pas un opérateur de télécommunications ».
Dans la lettre datée du 2 juillet2012 adressée au responsable de N-Soft l'annonçant que son offre n'a pas été agréée par le ministère guinéen des Télécommunications, Oye Guilavogui souligne : « Sans aucun doute, la solution N-Soft, telle que vous l'avez décrite, pourrait être un paramètre de garantie et de fiabilité des données de trafic départ et arrivée en Guinée ».
Les avantages offerts dans le contrat proposé par N-Soft ne rencontrent pas l'adhésion des dirigeants guinéens. Aussi le verdict du ministère dans le cas de la société française explique :
« Toutefois, l'examen du plan d'action 2011-202 de 'ARPT fait apparaître que des initiatives allant au-delà de la simple proposition formulée dans votre lettre sont déjà prises et son encours de réalisation ».
C'est le cas de dire « les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ». Car les propositions contenues dans les offres faites par Laurent Lamothe et Global Voice Groupe sont assorties de promesses d'arroser les autorités de millions en guise de reconnaissance pour leur coopération, qu'il a faites aux puissants des États africains où il a réussi à implanter sa compagnie.
Les témoignages sur la stratégie de développement de la compagnie de Lamothe laissent croire qu'elles reposent exclusivement sur la corruption des officiels.
Parallèlement à cette enquête que mène et publie H-O sur les activités de l'actuel Premier ministre haïtien en Afrique, plusieurs enquêtes, de journalistes aussi bien que « gouvernementales », sont en cours. Selon des déclarations faites par des personnes évoluant au sein des enquêteurs, il y a de fortes chances que de nombreux contrats signés par des gouvernements africains avec la Global Voice seront bientôt abrogés. Dans la prochaine édition seront analysés les méfaits de Lamothe et de Global Voice au Sénégal et les pressions qui ont été exercées par le syndicat des télécommunications pour faire annuler le contrat, environ six mois après que le président Wade eut ordonné qu'il soit signé. Désormais simple citoyen, M.Wade a connu des humiliations pour le rôle qui lui a été attribué par le gouvernement de son successeur dans la signature du contrat avec Laurent Lamothe et la Global Voice. La machine judiciaire du Sénégal mise en branle avait menacé des anciens collaborateurs de l'ex-chef d'État sénégalais au point que certains d'entre eux ont dû s'expatrier en France pour éviter de se faire passer dessus
Léo Joseph
Haiti-Observateur
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