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Haïti-Manifestation : Du sang sur le macadam pour le 211e anniversaire de la bataille de Vertières

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P-au-P, 18 nov. 2014 [AlterPresse] --- La manifestation de l'opposition haïtienne du 18 novembre 2014 n'a pas pu arriver au bout de son parcours. Au niveau du quartier 32 de la commune de Delmas (banlieue nord), des tirs ont fait au moins 4 blessés par balles.

Deux personnes sont touchées au cou, une au genou et une autre aux côtes.

Deux ont pu être évacuées dans un pick-up des forces de l'ordre alors que deux autres ont été prises en charge par des participants à la manifestation, organisée le jour du 211e anniversaire de la bataille de Vertières (Nord) ayant conduit à l'indépendance en 1804.

Et les balles et les pierres s'invitent

Alors que la manif s'apprête à entrer dans le quartier populaire de Delmas 32 sous escorte des forces de police haïtiennes et sous les yeux de curieux, des pierres ont été lancées contre elle. Réplique des manifestants. La police a tenté de calmer la tension en lançant du gaz lacrymogène en direction des perturbateurs de la manifestation.

Le premier cap est passé. Le traditionnel slogan « nous n'avons pas peur et nous n'aurons jamais peur » rassemble à nouveau des centaines de manifestants qui continuent dans l'objectif de traverser le quartier 32 de Delmas pour pouvoir déboucher sur bas-Bourdon, prendre la direction du palais présidentiel et faire les 7 tours prévus.

Quelques cent mètres parcourus, un branle-bas s'ensuit.

« Ils ont tué deux personnes. Au secours ! Martelly a envoyé ses hommes nous tirer dessus. Replions-nous », lancent des voix dispersées dans la foule rebroussant chemin vers la route de Delmas et courant dans tous les sens.

Plus d'une demi-douzaine de douilles d'armes de calibres 9mm, selon les commentaires des policiers, sont retrouvés au niveau d'un corridor à hauteur de l'endroit où git le corps apparemment sans vie d'un jeune homme non loin d'une motocyclette jaune qu'il conduisait, selon les témoignages de quelques manifestants.

La réponse au pouvoir

11-18-2014-manifestation-anti martelly victimes machine policeTôt dans la matinée, des centaines de personnes ont gagné les rues, répondant à l'appel de l'opposition. Elles ont longé la route de Delmas au cri de « A Bas Martelly ».

Vaccines, tambours, caisses claires, cornet, cymbales de 3 bandes de raras créent l'ambiance et gardent les manifestants de tout âge et des deux sexes dans le bain des revendications.

Mais les revendications contre la présence des forces de l'Onu dans le pays, pour un salaire minimum décent, portées par certaines organisations comme « Mèche créole » et « Sota-Bo » sont noyées dans les slogans anti-Martelly.

Décidés, déterminés comme s'ils allaient livrer et gagner « la dernière bataille pour renverser le pouvoir 'tèt kale' » - comme le clame le militant pro-lavalas André Fadot – des jeunes femmes à la tenue un peu légère, des jeunes hommes jeans sous les fesses, « en mode Swagg », festoient déjà, faisant couler du rhum et lançant des nuages de nicotine.

Des parlementaires de l'opposition tels les sénateurs John Joel Joseph, Jean Charles Moïse, le député Arnel Belizaire ont été remarqués aux cotés de figures de l'opposition comme Gerald Gilles du parti Fanmi Lavalas et l'ancien député Serge Jean-Louis du Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (Mopod).

Après l'incident de Delmas 32, malgré l'obstination d'un petit groupe de l'opposition, la manifestation n'a pu reprendre.

Les organisateurs, sans doute déçus, se disent déterminés à prendre la rue une nouvelle fois pour arriver à bout du pouvoir en place.

Sur place, la police a cherché à mettre la main aux collets de fauteurs de troubles, et les manifestants, petit à petit, se sont dispersés.

Source: Alterpresse