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Des ouvriers de la sous-traitance réclament un salaire minimum de 500 gourdes

manifestation-ouvrier-assis sur la macadam

Tôt dans la matinée, les manifestants se sont rassemblés devant les locaux de la Sonapi sur la route de l'aéroport, puis ont arpenté plusieurs rues de la capitale pour enfin s'arrêter devant le palais législatif au bicentenaire, dans le but d'obtenir le soutien des parlementaires pour que le salaire minimum soit fixé à 500 gourdes.

Tout au long du parcours, des dizaines de syndicalistes, tout autant concernés par le salaire minimum, sont venus grossir la foule. La horde des manifestants qui défilaient dans les rues en a profité pour brandir des branches d'arbres et scander des propos qui corroborent leur revendication « A bas les 225 gourdes, vive un salaire minimum de 500 gourdes !».

Après cinq ans de service dans le secteur de la sous-traitance, Sofia Petit-Frère, mère de trois enfants, se plaint de n'avoir fait aucun progrès économique. Comme beaucoup d'autres femmes travaillant dans le secteur textile, elle se dit prête à se battre pour que le salaire minimum soit fixé à 500 gourdes. « Je ne peux pas vivre avec les misérables 200 gourdes que je gagne par jour à la Sonapi. Je n'arrive même pas à subvenir à mes besoins, voire à ceux de ma famille. La pitance que je gagne chaque mois ne sert qu'à payer des dettes », explique –t- elle.

La nouvelle fixation des salaires à 225 gourdes a fait pas mal de vagues dans les associations syndicales. Les syndicalistes crient à la trahison. Après la mise en place du Conseil supérieur des salaires, ils espéraient, pour une fois, obtenir les 300 gourdes qui leur étaient promises après la croisade de Steven Benoît au Parlement pour l'augmentation du salaire minimum. Cependant, voir le salaire diminué de 75 gourdes est pour eux un coup bas qu'ils ne sont pas prêts d'accepter. « Le Conseil supérieur des salaires nous a joué un mauvais tour. C'est un acte de trahison de revoir le salaire à la baisse. Et faire travailler des centaines de milliers de gens pendant plus de 10 h par jour pour un salaire de moins de 300 gourdes est un crime. Nous exigeons que les membres du Conseil révisent à la hausse le salaire minimum dans les prochaines vingt-quatre heures », exige Télémaque Pierre, coordonnateur du mouvement de mobilisation pour le salaire minimum.

Une fois devant le Parlement, quelques manifestants se sont assis sur le macadam pour attendre l'arrivée du sénateur Steven Benoît, initiateur de la loi sur le salaire minimum. « Nous ne partirons pas avant de voir le sénateur Steven Benoît », précise un manifestant. Au bout de quelques minutes, la foule électrisée s'est exultée de joie à l'arrivée du président du Sénat, Simon Dieuseul Desras, et du député Arnel Bélizaire. Le numéro un du Sénat entend donner tout son appui aux syndicalistes pour l'augmentation du salaire minimum. « Votre présence dans les rues aujourd'hui justifie que la cause que vous soutenez est juste et mérite d'être prise en compte. Je tiens à vous accompagner dans cette lutte », promet le sénateur Desras.

Pour sa part, Arnel Bélizaire veut être partie prenante dans la lutte pour l'augmentation du salaire minimum. Dans un discours rassembleur, il a invité les associations syndicales à entamer une grève dans les plus brefs délais pour forcer les chefs d'entreprises à prendre en compte leur revendication. En outre, il dénonce la mauvaise foi des patrons qui, selon lui, profitent de faire travailler des ouvriers pour des miettes. « Je vous accompagnerai jusqu'à ce que votre revendication soit satisfaite. Je vous fournirai toute l'assistance dont vous aurez besoin. Il faut que les chefs d'entreprises cessent de torpiller la masse ouvrière. Il faut qu'ils vous donnent un salaire pouvant répondre à vos besoins. Ils ne sont que des mesquins qui profitent de vous », fustige le député de Delmas-Tabarre.

L'application de ce salaire minimum à partir de janvier 2014 traduirait une sorte de recul par rapport aux avancées de 2009. La loi votée cette année-là obligeait les patrons à payer 300 gourdes aux ouvrières et ouvriers à partir d'octobre 2012.

12h 30. Les heures filent. Le sénateur Steven Benoît n'est toujours pas venu accueillir les manifestants qui font le pied de grue devant le palais législatif depuis des heures. « C'est la première fois que le sénateur Benoît n'est pas à son bureau », lance une manifestante.

A force de perdre patience, les chefs de file du mouvement de mobilisation pour le salaire minimum se sentent obligés de demander aux manifestants de rentrer chez eux. Malgré la déception éprouvée par l'absence du sénateur Benoît, ils se disent déterminés à gagner les rues jusqu'à ce que le salaire minimum soit fixé à 500 gourdes.

Joubert Rochefort
Source: Le Nouvelliste

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