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Les descendants Arabes en Haiti s'organisent: Centre haïtiano-arabe pour le développement, l’éducation et la culture (CHADEC)

anne-marie-issaAnne Marie Issa, présidente du CHADEC Moranvil Mercidieu

Vers la construction de l'indéfectible union haïtiano-arabe

C'est dans une ambiance festive que le Centre haïtiano-arabe pour le développement, l'éducation et la culture (CHADEC) a été lancé jeudi soir, à l'hôtel Karibe, en présence de certains hauts dignitaires de l'Etat et représentants du corps diplomatique. Ayant pour objectif de favoriser, entre autres, des échanges socioculturels entre les pays arabes et Haïti, ce centre est le résultat de plusieurs années de consultation et de mise en commun des énergies

Georges-DagherGeorges Dagher, trésorier du CHADECLa migration arabe vers Haïti débuta vers 1890. Fuyant les persécutions de l'empire ottoman, ce groupe constitué de Maronites et de Juifs, originaires de la Syrie, du Liban, de la Palestine, de l'Egypte et du Maroc, prit la fuite vers l'Amérique et se propagea dans tout le Nouveau Continent. Arrivés en Haïti, le plus souvent par hasard, ces Levantins ne tardèrent pas à se lancer dans le petit commerce et parvinrent à s'intégrer dans la société haïtienne dans des circonstances pas tout à fait faciles. Ils ont fait du chemin. Le notaire Jean-Henry Céant, conseiller du CHADEC, a estimé que la « route est encore longue et parsemée d'embûches, de tracasseries et péripéties, de discrimination, de stigmatisation et d'exclusion caractéristiques de tout parcours d'émigration et d'immigration ».

Souvent victimes des soubresauts de la politique haïtienne et de sa législation de circonstance, les membres de cette diaspora, arrivés au XIXe siècle et se consacrant au commerce de détail, ont cependant fait du chemin et trouvé leur voie. « A force de travail sans repos, de savoir-faire et de débrouillardise, ils ont conquis des places enviables et ont pignon sur rue dans l'économie et la société haïtiennes », a poursuivi l'ancien candidat à la dernière présidentielle dans un discours en créole et en français, devant une assistance sélecte accrochée à ses lèvres.

Selon M. Céant, Haïti est une diaspora et participe de l'histoire des diasporas et ses racines rejoignent celles de tous henry-ceantJean-Henry Céant, conseiller du CHADECles peuples et de toutes les diasporas en quête de sécurité identitaire et de stabilité sociétale. « L'on comprend aisément pourquoi Haïti, pendant tous les XIXe et XXe siècles, est devenue terre d'accueil pour les communautés arabe, juive, syrienne, palestinienne ou libanaise », a-t-il expliqué, soulignant qu'Haïtiens et Arabes, quoique d'origines diverses, sont de la même famille : celle de la conquête de soi, de la récupération des valeurs universelles de fraternité.

Aujourd'hui, il faut nous impliquer tous ensemble pour la sauvegarde de notre pays, a indiqué Jean-Henry Céant. « Sœurs et frères venus de diverses terres du Moyen-Orient, je vous convie à ce koumbit; je vous exhorte à la réalisation de cette œuvre commune. Vous êtes une partie d'Haïti. Une partie de la terre de Louverture, de Dessalines et de Boukman qui est devenue votre terre, notre terre à nous tous (...), a-t-il lancé, sous un tonnerre d'applaudissements. Arabes, Levantins, Libanais, Palestiniens, Syriens, Jordaniens, Juifs et Haïtiens ne sont plus des étrangers ! Nous sommes tous devenus Haïtiens et Haïtiens pour de vrai ! »

Les objectifs du CHADEC sont légion. Ce dernier vise à participer, entre autres, à l'organisation des voyages tant en Haïti que dans les pays du Moyen-Orient et à la création d'un centre d'études haïtiano-arabe. « Pour atteindre nos objectifs, il nous faudra la collaboration de tous sans distinction aucune », a déclaré Anne-Marie Issa, présidente du CHADEC. Elle a ajouté que son amour et son attachement pour « son pays, Haïti, et l'affection qu'elle porte à ses origines arabes ne sont pas à démontrer ». De son côté, Georges Dagher, trésorier du CHADEC, – qui a parlé l'arabe pendant environ trois minutes pour la délectation du public – croit que jusqu'à présent les Haïtiens considèrent les descendants des migrants arabes comme des étrangers. C'est pourquoi, selon lui, les Arabes se sont très peu intégrés dans la société haïtienne. « Il est temps d'inverser cette tendance pour le progrès de notre pays », soutient-il, sans faire l'économie de souligner la nécessité de construire l'indéfectible union haïtiano-arabe.

Juno Jean Baptiste
Source: Le Nouvelliste
Photo: Moranvil Mercidieu

Voir aussi ces Vidéos:

  1. Discriminations et la migration arabe en Haiti part 1/4
  2. Discriminations et la migration arabe en Haiti part 2/4
  3. Discriminations et la migration arabe en Haiti part 3/4
  4. Discriminations et la migration arabe en Haiti part 4/4

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