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Le Nouvelliste: Sous la présidence de Martelly, le carnaval est devenu l’expression d’une atteinte caractérisée à la liberté d’expression

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Le carnaval au temps de Martelly

Par Frantz Duval ---- Chanteur à succès, roi du carnaval, devenu président, Michel Martelly a une drôle de façon de se souvenir de la liberté dont il jouissait sous les gouvernements aux yeux de qui il n'était pas particulièrement sympathique. Il n'a aucune mémoire de la licence qu'il avait des gouvernements qui lui pardonnaient toutes ses outrances.

Chef de l'Etat, Martelly a pris le carnaval en main. Il régente tout. Combien de carnavals par an, c'est lui. Les villes sièges de carnaval, c'est lui. La date du carnaval des Fleurs, c'est lui. Les orchestres autorisés à participer au carnaval, c'est lui. Les stands sur le pacours, encore lui. L'horaire du défilé, les honoraires des groupes, toujours lui.

Cette année, encore une fois, par sa seule décision, des groupes les plus populaires, dont les méringues cartonnent sur les ondes, resteront en rade du carnaval des Gonaïves.

Sous la présidence de Martelly, le carnaval est devenu l'expression d'une atteinte caractérisée à la liberté d'expression. Pas parce que l'Etat haïtien, pour faire plaisir, mieux, pour ne pas déplaire au président, refuse de choisir les groupes qui ne chantent pas assez la gloire des réalisations ou la vision du chef de l'Etat. Non. Ce qui est grave, c'est que les groupes non retenus ne peuvent pas se chercher des sponsors pour participer à la fête.
Même populaires, avec de bonnes méringues et financés, pas de participation possible pour les orchestres qui n'ont pas ou plus grâce aux yeux du pouvoir.

En aucun lieu ou ville où c'est carnaval, ils ne peuvent faire danser le public. Toutes les rues de la République leur sont interdites. Pas un camion ne peut les transporter. Pas un cortège carnavalesque les accueillir.

Martelly se la joue en mauvais prince. Il refuse de laisser le carnaval évacuer les critiques et les travers des dirigeants comme cette fête a toujours su le faire.
On se demande, devant le score éclatant de ces méringues sur les radios et à la télévision, si le président ne va pas chercher à bloquer, l'an prochain, la diffusion des chansons qui lui déplaisent sur les radios, à la télé, sur le net, ici et dans le monde. La censure n'a jamais eu le sens de la mesure.

Pendant ce temps, parce qu'il choisit à l'avance les orchestres qui lui plaisent et qui participent à ses carnavals, le président tue l'originalité et la recherche de sang neuf qui fait la force d'une bonne méringue carnavalesque. Les jeunes groupes et ceux qui ne sont pas en cour, plus de cinq cents, n'ont aucune chance de percer. Ils ne peuvent participer ni au carnaval national ni au carnaval des Fleurs.
Le carnaval au temps de Martelly n'est plus ce qu'il était, ni ce qu'il doit être.

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste

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